L’Allemagne choisit la confrontation intellectuelle face aux mouvements de l’islam cinétique

Les nombreux attentats terroristes qui ont frappé l’Union européenne ces dernières années ont relancé le débat politique autour du danger que représente l’islamisme pour la sécurité et les valeurs de la région, en particulier en Allemagne ou les groupes radicaux bénéficient d’une position stratégique pour gérer leurs activités dans la zone euro.

L’administration allemande a longtemps été critiquée pour son laxisme envers les courants extrémistes croissants sur son sol, contrairement à la France qui a adopté des mesures strictes dans sa lutte antiterroriste notamment depuis les attentats de fin 2020. Il semble néanmoins que Berlin soit désormais prêt à envisager de réels changements pour faire face à la marée extrémiste.

La coalition au pouvoir en Allemagne composée de l’Alliance chrétienne et du Parti socio-démocrate a établi en mai 2021 un document stratégique destiné à affronter les courants de l’islam cinétique, soulignant que protéger la liberté et la cohésion de la société suppose une lutte contre les groupes islamistes radicaux qui cherchent à établir des sociétés parallèles sur le continent européen.

Le rapport met en garde contre les institutions culturelles et sociales affiliées à des entités extrémistes car elles représentent en premier lieu une plateforme d’espionnage pour les gouvernements hostiles à l’Europe et un vecteur de croyances dangereuses pour la démocratie allemande. Il stipule également que les dépenses et les sources de revenus de ces institutions doivent être revues tout comme les discours idéologiques qu’elles véhiculent.

Le rapport soumis par la coalition au pouvoir en Allemagne a proposé un plan d’action de fond qui consiste notamment à soutenir financièrement les centres de recherches spécialisés pour mener des études méthodologiques sur le courant extrémiste, son émergence, son escalade et son mode de fonctionnement en Allemagne et en Europe, dans le but de mesurer et prévenir l’impact de l’islamisme sur les jeunes et les enfants.

Le rapport a appelé les appareils de l’État à couper court à toute coopération institutionnelle avec les organisations islamiques radicales, à cesser de traiter avec des imams venus de l’étranger et à les remplacer par des imams formés en Allemagne, et à imposer un contrôle strict aux fonds des institutions et des lieux de culte administrés par ces organisations. Le rapport a également appelé à former la police, le personnel de sécurité et les enseignants, afin de les sensibiliser aux risques et aux impacts de l’extrémisme.

Le dernier rapport précise que la plupart des musulmans en Allemagne respectent la loi et apprécient le système démocratique et la liberté du pays, et que le danger vient des organisations islamistes qui prônent la violence et présentent leur interprétation de la religion comme une vérité absolue.

La thèse que soutient la coalition considère que la confrontation intellectuelle est indispensable pour combattre les groupes islamistes. Selon elle, distinguer “religion” et “groupes extrémistes qui exploitent la religion” est un prélude à la lutte antiterroriste car cela empêcherait les terroristes de fournir à leur violence des justifications religieuses fabriquées de toutes pièces.

L’Allemagne a commencé à mettre en œuvre sa nouvelle stratégie de lutte antiterroriste avec le lancement d’un centre de formation des imams soutenu par le gouvernement dans le but de mettre fin à l’ingérence d’imams étrangers.

Le site Internet “The Local” a indiqué le 15 juin 2021 qu’environ 40 personnes fréquentaient l’Université islamique allemande située dans le nord-ouest de la ville d’Osnabrück, où a eu lieu l’inauguration officielle du programme de formation des imams.

D’après le site d’information, les livres sur lesquels se basent les nouveaux imams ont été importés d’Egypte et leur nombre s’élève à environ 12.000.

Les groupes islamiques radicaux possèdent plusieurs institutions réparties dans différentes villes allemandes, notamment la Confrérie des Frères musulmans qui est considérée comme la maison mère de cette mouvance. Berlin abrite également des adeptes du “Hizb al-Tahrir” dont l’idéologie est similaire à celle de la Confrérie. Bien que les autorités allemandes aient interdit les activités du parti, le nombre de ses partisans continue d’augmenter.

La stratégie présentée par la coalition est une étape incontournable dans la lutte contre l’extrémisme, car elle vise la pensée avant qu’elle ne se transforme en action.

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