L’islamophobie a fauché 3 générations d’une famille canadienne musulmane à Toronto

L’attaque a été ignoble. Trois générations d’une famille canadienne musulmane ont été supprimées en quelques instants, laissant un enfant de 9 ans orphelin.

Le motif de ce massacre est non moins ignoble : la police a déclaré que le chauffeur du pick-up qui les a fauchés les avait ciblés en raison de leur confession.

Leurs amis qui se sont réunis pour la janazah, la prière funéraire, veulent qu’on se souvienne de la famille Afzaal comme ayant été plus que de simples victimes d’un odieux crime de haine.

“La famille entière était très connue, connue pour être extrêmement gentille, extrêmement hospitalière, très active dans la communauté musulmane ici à London”, a déclaré Asad Choudhary, le directeur de la London Islamic School que fréquentaient deux des victimes.

“Ils étaient cent pour cent du temps souriants. Ils avaient toujours des mots gentils et positifs à partager”, a-t-il déclaré à NPR (National Public Radio).

Le crime a eu lieu dimanche 6 juin à London, en Ontario, une ville située à l’ouest de Toronto ou vit une importante communauté musulmane. La police a déclaré que le conducteur avait percuté la famille à une intersection pendant qu’ils se promenaient le soir.

Une famille exemplaire

Le père : Afzaal Salman

Ceux qui ont connu Afzaal l’ont décrit comme une âme douce qui souriait en saluant les autres et qui aimait être dehors.

“J’ai toujours vu mon oncle à l’extérieur de sa maison, entretenir ses plantes, les arroser”, a déclaré Sana Yasir, une voisine d’Afzaal qui l’appelle “oncle”, une appelation souvent utilisée dans les communautés musulmanes comme marque de respect envers les ainés, bien qu’ils ne soient pas de la famille.

Afzaal était un physiothérapeute de 46 ans. Il a immigré au Canada il y a 14 ans. Il aimait le cricket et assistait régulièrement aux prières de la mosquée musulmane de London.

Jeff Renaud a travaillé avec Afzaal à la maison de retraite Ritz Lutheran Villa. Il se souvient de son collègue comme d’un homme humble, calme et incroyablement attentionné envers ses patients.

Un résident de la maison de retraite, âgé de 85 ans, a dit à Jeff Renaud combien il attendait le mercredi avec impatience, parce que c’était le jour ou Afzaal lui rendait visite et parlait avec lui de basket-ball.

“Il a travaillé avec des centaines, probablement des milliers de nos mamans, papas et grands-parents”, a déclaré Renaud à NPR. “Vous perdez quelqu’un avec ce genre de dévouement envers les personnes âgées, cela triple carrément l’impact.”

La mère : Madiha Salman

Madiha, 44 ans, préparait un doctorat en ingénierie à la Western University de London.

Elle a obtenu son diplôme de premier cycle en ingénierie au Pakistan, où elle était l’une des deux uniques femmes de sa classe, a déclaré son ami Bilal Farooq.

La dernière fois qu’il l’a vue, Madiha organisait un événement STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) pour les jeunes enfants.

“Nous avons perdu une grande humaine, chercheuse et Canadienne. J’aimerais qu’on se souvienne d’elle pour toutes ces grandes qualités et pas seulement en tant que victime d’un crime haineux”, a réagi son ami, Bilal Farooq.

Yasir, la voisine de Madiha depuis 12 ans, s’est souvenu avec émotion de la famille qui lui apportait de grands plateaux de riz et de poulet traditionnels pakistanais lorsque sa mère suivait une chimiothérapie pour un cancer du sein.

“Ils n’y ont jamais réfléchi à deux fois”, a-t-elle déclaré.

La fille : Yumna Salman

Yumna, une élève de neuvième année au tableau d’honneur à l’école secondaire d’Oakridge. Elle était une amie “extrêmement gentille”, extravertie et solidaire, a témoigné Mike Phillips, le directeur de son école.

L’été dernier, alors qu’elle étudiait à la London Islamic School, Yumna avait décidé de laisser sa signature en peignant une grande fresque sur laquelle elle avait travaillé chaque jour de la semaine malgré la pandémie.

“Nous regardons la magnifique fresque et nous réalisons vraiment que son héritage ne s’arrête pas à notre école ou à notre communauté à London ou même au Canada”, a déclaré Phillips à NPR. “C’est un héritage mondial pour arrêter la haine.”

La grand-mère : Talat Afzaal

La matriarche de la famille, Talat, qui était la mère de Afzaal, a également été tuée dans l’attaque. Elle avait 74 ans.
Aarij Anwer, l’imam de la mosquée de London où la famille priait régulièrement, a déclaré qu’ils faisaient “partie intégrante” de la communauté musulmane de la ville.

“Ce qui est exemplaire chez eux, c’est qu’ils étaient des gens très humbles tout en étant extrêmement accomplis”, a-t-il déclaré à NPR. “Ils n’essayaient jamais de s’élever au-dessus de qui que ce soit, ou d’essayer de faire en sorte que quelqu’un d’autre se sente inférieur.”

Le fils : Fayez Afzaal

Le seul survivant de l’attaque est Fayez, 9 ans, hospitalisé avec des blessures graves. Plus de 14 000 personnes ont fait un don à une campagne GoFundMe, mise en place par leurs voisine Yasir. Une partie de l’argent sera utilisée pour aider à prendre soin de Fayez, et le reste sera reversé à un organisme de bienfaisance que la famille des victime choisira bientôt.

“Il n’y a pas de mots capables d’apaiser le chagrin de voir trois générations assassinées dans leur quartier”, a déclaré le Premier ministre Justin Trudeau lors d’une veillée organisée pour la famille mardi soir. “Il n’y a pas de mots capables d’effacer la douleur et, oui, la colère de cette communauté. Il n’y a pas de mots qui puissent réparer l’avenir de ce petit garçon à qui on a volé l’avenir”, a poursuivi le Premier ministre qui a qualifié le crime “d’acte terroriste”.

Devant la Chambre des Communes, Justin Trudeau a déclaré : “Cette tuerie n’était pas un accident. C’était une attaque terroriste, motivée par la haine, au cœur de l’une de nos communautés.”

Nathaniel Veltman, 20 ans, a comparu la semaine dernière pendant quelques minutes par visioconférence depuis sa prison. Pam Davies/Handout via REUTERS

Le suspect de l’attaque, Nathaniel Veltman, 20 ans, a fait face à quatre chefs d’accusation de meurtre au premier degré. Il a été inculpé lundi pour terrorisme.

La police a indiqué que Veltman ne connaissait pas les victimes mais que l’attaque avait été planifiée.

“Je pense qu’il est très important pour nous de parler d’un acte terroriste”, a affirmé lundi Chrystia Freeland, la vice-première ministre du Canada, lors d’une conférence de presse. “C’est important pour nous d’identifier cela comme un acte d’islamophobie et c’est important pour nous d’identifier la terrible menace que représente le suprémacisme blanc pour le Canada et les Canadiens”, a-t-elle ajouté.

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