Joe Biden compte profiter du sommet de l’OTAN pour réparer les dommages causés par l’administration Trump

Il y a trois ans lors d’un sommet à Bruxelles, Donald Trump a interloqué les membres de l’OTAN en menaçant de retirer les États-Unis de l’alliance militaire occidentale si ses autres membres refusaient d’augmenter leur budget de défense.

A l’occasion du sommet qui aura lieu aujourd’hui 14 juin dans la même ville, Joe Biden tentera de rattraper les dommages causés par les quatre années tumultueuses de son prédécesseur, mais selon les experts, les conséquences de l’ère Trump risquent d’agir de manière durable.

D’un point de vue rhétorique du moins, les présages sont plutôt bons. Le président américain a cité la semaine dernière l’article 5 de l’OTAN, selon lequel une attaque armée contre un des membres de l’alliance est considérée comme une attaque contre tous.

Langage équilibré et ton cordial sont attendus dans la capitale belge, notamment parce que les États-Unis souhaitent que l’OTAN adopte avec le G7 une ligne plus ferme à l’égard de la Russie, en particulier en ce qui concerne la cyberguerre et même la Chine, qui n’est pas traditionnellement considérée comme un pays adversaire.

Avant le sommet, les responsables américains ont affirmé avec confiance que “ce sera la première fois que les pays de l’OTAN s’attaqueront au défi sécuritaire de la Chine”.

Le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg, a promis une nouvelle politique de cybersécurité et a déclaré que les relations avec la Russie, d’où émanent la plupart des piratages, étaient au plus bas depuis la fin de la guerre froide.

Karin von Hippel, directrice générale du groupe de réflexion du “Royal United Services Institute”, a déclaré : “Biden est sans doute le président le plus expérimenté des États-Unis en politique étrangère. Il apprécie réellement les alliances et sait qu’elles sont nécessaires pour s’attaquer à des problèmes comme la Chine.”

“Mais les alliés de l’OTAN savent également que quatre ans peuvent s’écouler assez rapidement. Ils savent que Trump, ou un politicien comme lui, pourrait bientôt revenir au pouvoir. Ils doivent imaginer un monde où les États-Unis ne sont pas toujours présents.”

Jusqu’à l’élection de Biden, l’Otan était paralysée. Il y a trois ans, Trump est arrivé en retard à une session matinale et s’est lancé dans une discussion sur la demande d’adhésion de l’Ukraine et la situation en Afghanistan.

Il a accusé la chancelière allemande Angela Merkel de refuser de dépenser plus pour la défense et a poursuivi en déclarant que les alliés de l’OTAN devaient augmenter leurs dépenses d’ici janvier 2019, dans le cas contraire Washington ferait cavalier seul.

Aucun engagement ferme n’a été pris à l’issue de la discussion urgente qui avait suivi et la plupart des dirigeants sont partis à la hâte, mais Trump a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a déclaré, comme depuis un univers parallèle, que le sommet avait été un grand succès. “Je suis très régulier. Je suis un génie très stable”, a-t-il déclaré, répétant sa fameuse phrase déjà très familière.

Les responsables de l’OTAN ont raccourci le sommet de 2019 à Londres, mais Trump avait assuré qu’il serait encore plus court et a fustigé un groupe de dirigeants filmés en train de ridiculiser ses longues conférences de presse. Il avait affirmé que le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait deux visages et il a accusé Ottawa de ne pas assez dépenser pour la défense.

En 2014 lors du sommet de l’OTAN à Cardiff, lorsque Barack Obama était président et Biden son adjoint, les membres ont convenu d’annuler la réduction des dépenses liées à la défense et de les porter au-dessus de 2% du PIB. Quelque peu aidés par la baisse du PIB suite à la crise sanitaire du Coronavirus, le Royaume-Uni atteindra 2,29 % en 2021 et la France 2,01 %, mais les dépenses de l’Allemagne ne dépasseront pas à 1,53 %.

L’engagement de Biden envers le militarisme américain n’est pas non plus absolu. Il a donné suite à l’annonce de Trump concernant le retrait des troupes militaires américaines d’Afghanistan, même si d’autres alliés de l’OTAN tels que le Royaume-Uni auraient préféré poursuivre leur mission de maintien de la paix.

Vendredi, lors d’une conférence de presse, un journaliste a demandé à Jens Stoltenberg si l’absence de Trump permettrait aux autres membres de l’alliance de réduire leurs dépenses en matière de défense. Dans sa réponse, il a fait valoir que “le lien transatlantique de l’OTAN avait la primauté sur les dirigeants politiques individuels”.

Cependant, Von Hippel a mis en garde contre un discours trop confiant à l’occasion de ce rassemblement qui promet d’être placé sous le signe de l’optimisme. “La menace d’un autre Trump devrait rendre les Européens moins complaisants”, a-t-elle déclaré.

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