Élections iraniennes : Le torchon brûle entre les candidats

La controverse s’intensifie à la veille des élections présidentielles iraniennes du 18 juin, alors que le Conseil des gardiens a exclu la majorité des candidats et n’en a retenu que sept.

La décision du Conseil des gardiens a suscité de vives critiques à l’encontre du régime des mollahs. Ce dernier a imposé des restrictions à la volonté des électeurs avant le début du scrutin, mais le guide suprême Ali Khamenei a surpris le public dans un discours diffusé à la télévision officielle de l’État, au cours duquel il a critiqué la décision du Conseil des gardiens supervisé par le religieux rigoriste Ahmad Jannati, la qualifiant d’injuste.

Il a déclaré : “Je demande au Conseil des gardiens d’indemniser certains des candidats qui se sont vu refuser leur éligibilité de manière injuste”, une déclaration qui a été largement interprétée comme donnant le feu vert au retour de l’ancien président du parlement, Ali Larijani, sur la liste des candidats.

Immédiatement après le discours du guide, le porte-parole du Conseil des gardiens, Abbas-Ali Kadkhodaei, a déclaré : “Le Conseil annoncera bientôt son avis définitif, et le dernier mot reviendra au chef. Le Conseil des gardiens n’est pas exempt de toute erreur.”

Cependant, Mehdi Fadali, membre du bureau des médias du guide suprême iranien, a exclu la possibilité de modifier la liste actuelle des candidats aux élections présidentielles.

Sur son compte Twitter officiel, il a rédigé : “La liste des candidats ne change pas après le discours de Khamenei, et les propos du leader sur la persécution et l’injustice envers certains candidats lors de leur candidature à la présidence ne s’adressent pas au Conseil des gardiens, et n’a aucun effet sur le résultat annoncé par ce Conseil.”

En effet, la liste des candidats est restée inchangée, le Conseil des gardiens ayant maintenu sa position comme si de rien n’était.

Ainsi, les espoirs de voir Ali Larijani, qui travaille actuellement en tant que conseiller du guide suprême, obtenir l’autorisation de se présenter, sont totalement anéantis. Des rumeurs circulent selon lesquelles il aurait été exclu en raison de la résidence de sa fille aux États-Unis.

Le 25 mai, le ministère iranien de l’Intérieur a déclaré que le Conseil des gardiens avait approuvé sept candidats pour les élections, à savoir : Ebrahim Raissi, Said Jalili, Mohsen Rezai, Alireza Zakani et Ghazizadeh Hashemi , tous issus de l’aile dure, ainsi que Abdel Nasser Hemmati et Mohsen Mehralizadeh, considérés comme modérés.

Accusations et contre-accusations

Les candidats ont échangé de vives critiques lors du débat télévisé qui les a réunis samedi 5 juin. Ils se sont mutuellement accusés de trahison et d’incompétence au regard de la faiblesse économique du pays, aggravée par les sanctions américaines imposées depuis 2018.

Alors que les cinq candidats conservateurs ont attaqué les performances du président sortant Hassan Rouhani après huit ans au pouvoir, le candidat modéré et ancien chef de la banque centrale Abdel Nasser Hemmati a reproché aux extrémistes d’avoir attisé les tensions avec l’Occident, arguant que c’était la raison pour laquelle les difficultés économiques étaient exacerbées.

Lors du premier débat parmi les trois programmés, l’ancien chef des Gardiens de la révolution, Mohsen Rezaei, a accusé son rival Abdel Nasser Hemmati d’avoir pleinement approuvé les sanctions américaines, affirmant qu’il devrait répondre à des accusations de trahison.

Il a ajouté : “Si je deviens président, j’imposerai une interdiction à Hemmati et à un certain nombre d’autres responsables du gouvernement Rouhani, je les empêcherai de quitter le pays et je prouverai devant les tribunaux les positions de traitres dans lesquelles ils étaient impliqués.”

Après les déclarations de Rezaei, Hemmati a demandé en plaisantant au chef de la justice et candidat conservateur le plus en vue, Ebrahim Raissi : “M. Raissi, me garantissez-vous qu’aucune action judiciaire ne sera engagée contre moi après ce débat ?”, insinuant que Raissi remportera sûrement le poste grâce au soutien du guide suprême à son égard.

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