“Des millions de personnes à travers le pays m’ont demandé de me présenter aux élections et m’ont même ordonné de venir ici pour m’inscrire, mettant un lourd fardeau sur mes épaules… Je suis le fils du peuple iranien.”
Sur ces mots, l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé le 12 mai sa candidature à l’élection présidentielle du 18 juin prochain. Cette annonce a déclenché une vive polémique dans les cercles iraniens, d’autant que Ahmadinejad, qui a assumé le poste de président durant deux mandats (2005-2013), s’était déjà présenté aux élections de 2017, mais sa candidature avait été rejetée par le Conseil des gardiens de la révolution (responsable du processus électoral et de la sélection des candidats), sur ordre du guide suprême Ali Khamenei.
Ahmadinejad candidat aux élections
Malgré le rejet de 2017, l’ancien président a annoncé sa participation à la course électorale en cours et a d’ores et déjà soumis ses documents. Considérant sa candidature comme le début “d’une nouvelle ère dans la vie du peuple iranien et du monde en général”, il a affirmé son intention de s’opposer aux élections en s’abstenant de voter ou en soutenant un autre candidat, si le Conseil des Gardiens rejette à nouveau son dossier.
La première réaction dans la sphère politique iranienne est venue du président Hassan Rohani qui a déclaré: “Que représente le siège de la présidence pour que quelqu’un aille jusqu’à mentir pour lui? “
Un activiste a déclaré sur Twitter: “La Présidence de la République, si elle est vide, contient au minimum énormément d’argent, et c’est pourquoi vous, les voleurs, les loups, y êtes accrochés en vous nourrissant de la chair des uns et des autres. Quant au peuple, que la paix soit sur lui, vous l’avez écartelé.”
Pour les militants qui le soutiennent, l’ancien président est le seul candidat indépendant dans ces élections et lui seul est capable de conduire des millions de citoyens aux urnes et créer une sorte de “bruit” autour des élections.
Certains analystes iraniens ont commenté les termes utilisés par Ahmadinejad pour annoncer sa candidature en déclarant : “Peut-être qu’il insinue marquer une nouvelle ère de misère et de malheur dans la vie du peuple iranien et du monde entier, sans qu’il en soit conscient…et que sa candidature est une vaste supercherie qu’ils vont proposer aux gens. Tout le monde pense qu’Ahmadinejad est différent des autres responsables alors qu’il est également là pour servir le guide.”
Le sort de Ahmadinejad
Il convient de noter que Ahmadinejad, connu pour ses positions et ses opinions controversées, s’est employé ces dernières années à adoucir son image d’homme intransigeant et en fabriquer une nouvelle plus modérée. Ceci a été ostentatoirement démontré dans ses critiques répétées à l’encontre de l’actuel gouvernement et de sa mauvaise gestion. Selon les observateurs iraniens, l’ancien président a montré au cours de ces derniers jours une souplesse inhabituelle vis à vis de certains dossiers, principalement en ce qui concerne la relation de l’Iran avec le monde extérieur.
Finalement, deux options seulement sont probables : Rejeter la candidature de Ahmadinejad et le placer, comme d’autres, en résidence surveillée, ou le laisser passer afin qu’il exécute les ordres du guide suprême, comme il l’a fait auparavant durant deux mandats.
