Aux Etats-Unis, la pression de la rue brise le “tabou palestinien”

Le cas de la Palestine a été pendant très longtemps un sujet tabou exclu des débats politiques au sein du Congrès américain. Ce n’est plus le cas désormais, il s’agit aujourd’hui d’un sujet fondamental autour duquel se rassemblent des groupes et des tendances de tous les horizons politiques.

Lorsqu’en 1988, James Zogby, le fondateur de l’Arab American Institute, a suggéré aux démocrates d’inclure la mention de la souveraineté palestinienne dans leur programme, les dirigeants des partis ont répondu par un refus catégorique doublé d’un avertissement. La question de la “Palestine” est ainsi resté enfermé au fond des tiroirs.

Cependant, le changement récent ne s’est pas limité à prendre la défense des Palestiniens, il a même consisté à formuler de vives critiques à l’encontre de l’Etat d’Israël. Des termes tels que “occupation”, “implantation” et “réfugiés” sont désormais courant dans les discussions à Washington ou les démocrates n’ont plus honte de les formuler.

Alors que l’administration Biden traite le conflit croissant comme un défi diplomatique très sensible impliquant un vieil allié inattaquable, la gauche montante le considère comme une question de justice et de racisme anti-palestiniens étroitement liée à la politique américaine.

Avec Joe Biden à la Maison Blanche, le soutien américain traditionnel à Israël n’est guère discutable d’un point de vue politique, mais bien que le président américain ait clairement exprimé son soutien à Israël pendant près de 50 ans, les conditions ne sont plus les mêmes aujourd’hui dans les cercles démocratiques.

Les dirigeants du plus grand groupe de pression pro-israélien du pays, le Comité des affaires publiques américano-israélien, connu sous le nom d’AIPAC, comptent toujours sur le soutien de la Maison Blanche et du Capitole (Congrès) et a rappelé l’aide des Etats-Unis à Israël à hauteur de plusieurs milliards de dollars chaque année. Pourtant, même le président de la commission des relations extérieures du Sénat, le sénateur Robert Menendez, connu pour son ferme soutien à Israël, a fait un rare reproche à l’Etat hébreu samedi dernier en condamnant les récentes frappes de l’armée qui ont tué des civils palestiniens et détruit des bureaux de presse.

La représentante du Missouri, Corey Bush, qui était active dans le programme “Black Lives Matter” lors de son premier mandat au Congrès, a déclaré jeudi: “Nous nous opposons à l’envoi de notre argent destiné à financer la police militaire, l’occupation et les systèmes de répression et de violence”, poursuivant : “Pour que tous nos enfants soient en sécurité, nous continuerons à lutter pour nos droits en Palestine et à Ferguson.”

À son tour, la représentante américano-palestinienne du Michigan, Rashida Tlaib, a déclaré que la question palestinienne est déjà présente au Congrès et que les palestiniens sont des êtres humains qui méritent d’être défendus au même titre que les autres opprimés.

Le débat au sein du Parti démocrate reflète une scission de longue date entre les juifs américains de l’ancienne génération, des démocrates majoritairement laïques qui considèrent Israël comme une bouée de sauvetage vitale face à un antisémitisme mondial croissant, et les jeunes électeurs qui luttent pour concilier la politique de droite du gouvernement israélien avec leurs valeurs libérales.

Une enquête publiée la semaine dernière par le Pew Research Center a montré que 60% des juifs américains de plus de 65 ans affirment avoir des liens affectifs avec Israël, contre 48% des adultes juifs de moins de 30 ans.

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