Le cas des palestiniens de Jérusalem divise l’Etat d’Israël et les Etats-Unis

Bien que le conflit israélo-palestinien semble peu attirer l’attention du président américain Joe Biden en comparaison à d’autres questions relatives à la politique étrangère, les responsables de son administration ont marqué une nouvelle fois la rupture de Washington avec la politique de l’ancien président Donald Trump en émettant davantage de critiques à l’égard de la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés. La Maison Blanche a cherché à éviter un désaccord avec Israël concernant le conflit palestinien mais la crise de Jérusalem a incité de nombreux membres du Congrès et des organisations progressistes à demander l’intervention de Joe Biden.

Le différend américano-israélien à prit forme lors d’un appel téléphonique entre le Conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et son homologue israélien, Meir Ben Shabbat. Jake Sullivan avait pris contact avec Ben Shabbat pour exprimer les “sérieuses inquiétudes” des États-Unis au sujet des violents affrontements qui ont lieu actuellement entre les manifestants palestiniens et les forces de sécurité israéliennes à Jérusalem et dans les territoires palestinien occupés.

Sullivan a également fait part des “préoccupations des États-Unis au sujet de l’éventuelle éviction des familles palestiniennes de leurs domiciles du quartier Sheikh Jarrah”. Convenant avec Ben Shabbat que “le lancement de roquettes et de ballons incendiaires depuis Gaza vers Israël est inacceptable et doit être condamné”, Sullivan a encouragé le gouvernement israélien à “prendre les mesures appropriées pour assurer le calme pendant la célébration de la Journée de Jérusalem”. Il a exprimé l’engagement du président Joe Biden aux côtés de “la sécurité d’Israël, et pour le soutien à la paix et à la stabilité dans tout le Moyen-Orient”, assurant le responsable israélien que “les Etats-Unis resteront pleinement engagés dans les prochains jours afin de rétablir le calme à Jérusalem”.

Malgré les propos prudents et équilibrés de Jake Sullivan, les autorités israéliennes n’ont pas apprécié l’ingérence des Etats-Unis. Le site Web américain “Axios” a cité des responsables israéliens qui ont déclaré que “Ben Shabbat a répondu à Sullivan qu’Israël pense que l’administration Biden, et le reste de la communauté internationale, doivent rester en dehors de la crise à Jérusalem et éviter d’exercer des pressions sur Israël”, considérant que “l’intervention internationale est une récompense pour les émeutiers palestiniens et ceux qui les soutiennent”.

A la demande de 9 pays représentant les deux tiers de ses membres, le Conseil de sécurité a tenu hier à New York une séance urgente à huis clos, durant laquelle il a écouté l’exposé de Tor Winsland, le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient. Selon le journal “al-Sharq al-Awsat”, l’envoyé international a informé les membres du Conseil de l’évolution de la situation et a exprimé “de sérieuses craintes” concernant les conséquences des affrontements dans les lieux saints et la possibilité qu’Israël évacue les familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah et des quartiers de Silwan dans la vieille ville. Il a également évoqué le lancement de ballons incendiaires vers Israël par des militants palestiniens. Tout en exigeant une “retenue” des deux côtés, il a appelé à ne pas prendre de mesures unilatérales et a souligné l’importance d’arrêter la démolition et la construction de colonies dans les territoires occupés car cela “sape la solution à deux États”.

Dans la bande de Gaza et dans le sud d’Israël, une nouvelle nuit meurtrière a fait au moins 26 morts dont 9 enfants du côté palestinien, et 2 morts du côté israélien.

Malgré un appel de Paris à un usage “proportionné de la force”, l’Etat d’Israël a annoncé aujourd’hui (11 mai) sa volonté d’intensifier ses attaques contre le Hamas. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré dans une vidéo : “Depuis lundi, l’armée a mené des centaines d’attaques contre le Hamas et le Jihad islamique à Gaza (…) Et nous allons encore intensifier la puissance de nos attaques”, ajoutant que le Hamas “allait se prendre une raclée à laquelle il ne s’attend pas”.

En France, Jean-Baptiste Lemoyne, le Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a déclaré a l’Assemblée nationale : “Nous appelons les autorités israéliennes à un usage proportionné de la force, très clairement.”

De son côté, le Hamas a indiqué avoir lancé 137 roquettes en “5 minutes” cet après-midi sur les villes de Jérusalem et d’Ashdod, pour déjouer le bouclier antimissiles israélien “Dôme de Fer”. Les équipes de l’AFP ont en effet constaté sur place que de nombreuses roquettes sont tombées sur ces villes.

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