Le sort incertain des femmes afghanes après le retrait des troupes américaines d’Afghanistan

La décision du président américain Joe Biden de retirer ses troupes d’Afghanistan d’ici le 11 septembre, soulève des questions concernant le sort des femmes afghanes.

Malgré les progrès notables de ces quelques dernières années, on craint aujourd’hui un brusque retour en arrière, car en dépit des inconvénients de l’occupation américaine, celle-ci a tout de même réussi à préserver un semblant de liberté pour les femmes afghanes. Avant le déploiement de l’armée américaine, les afghanes ne pouvaient jamais complétement écarter le risque de se faire battre ou lapider pour le simple fait de se trouver dans la rue.

La député afghane, Fawzia Kofi, a mis en garde contre ce probable retour en arrière après le retrait complet de l’armée américaine, expliquant qu’avant sa présence, les femmes afghanes devaient traiter avec des individus qui les considèrent comme des sous-citoyennes.

Fawzia Kofi a déjà été victime d’une tentative d’assassinat. Elle a également été menacée de lapidation pour avoir porté du vernis à ongles, et son époux a été emprisonné par les talibans tout au long de leur mandat de cinq ans.

A présent, les préoccupations des femmes afghanes sont dominées par la crainte d’assister une nouvelle fois à la fermeture des écoles pour filles, à la réduction des possibilités de carrière pour les femmes, et à la recrudescence des violences sexistes.

Selon le journal américain The New York Times, au cours des vingt dernières années, malgré des progrès insuffisants, les femmes afghanes ont pu rejoindre l’armée et les forces de police et ont occupé des fonctions politiques. Certaines sont devenues des vedettes de la pop et d’autres ont participé aux Jeux olympiques. Alors que les forces américaines et de l’OTAN se préparent à quitter l’Afghanistan, les femmes afghanes voient la menace d’une nouvelle ère du régime taliban planer au dessus d’elles.

Avant l’invasion américaine en 2001, elles subissaient impunément les pires châtiments au nom d’une interprétation de l’islam propre aux fondamentalistes. Avec la chute du régime taliban, leur vie dans le pays s’est quelque peu améliorée dans les zones urbaines comme Kaboul, les zones rurales sont restées ultra-conservatrices.

C’est la fermeture des écoles pour filles qui a surtout encouragé les femmes afghanes à réagir et à s’impliquer dans la société. Les rapports de la Banque mondiale indiquent que désormais 36% des filles vont à l’école, bien que beaucoup n’achèvent pas leurs études secondaires, et que 52% des femmes se marient à l’âge de 20 ans.

Le taux d’analphabétisme reste particulièrement élevé chez les filles. Selon l’UNICEF, 22,2% des femmes âgées entre 15 et 24 ans ne savent ni lire, ni écrire.

Malgré une amélioration insuffisante mais non négligeable, elles font encore face à beaucoup d’obstacles et le maintien des progrès qu’elles ont accomplis est incertain. Il suffit d’observer le cas de l’actrice afghane Hassiba Ebrahimi pour constater que les femmes demeurent la cible facile à toutes les accusations. Dans les rues et sur les réseaux sociaux, Hassiba Ebrahimi a fait l’objet d’insultes, de menaces et de harcèlement, pour avoir été “la représentente de l’Afghanistan” dans le milieu cinématographique, le mot “représentante” étant synonyme de “prostituée” pour les talibans et leurs sympathisants.

Une autre actrice et grande militante pour les droits des femmes, Saba Sahar, a été victime d’une tentative d’assassinat à Kaboul au cours de laquelle elle a été blessée, ainsi que son chauffeur et son garde du corps.

La parlementaire afghane, Rehana Azad, a aussi été victime de harcèlement et d’intimidations simplement parce qu’elle est divorcée. Un de ses collègues du Parlement l’aurait même qualifiée de “prostituée” et d'”espionne qui a violé l’enseignement de l’islam en divorçant”, bien que le divorce ne soit pas interdit par cette religion.

Les mentalités n’ayant pas progressé d’un pouce, il ne reste plus qu’à espérer que les talibans ne reprennent pas le pouvoir.

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