Iran : La fuite d’un enregistrement audio du ministre des Affaires étrangères a provoqué un tollé

La publication d’extraits d’un entretien “confidentiel” de Mohammad Djavad Zarif dans la presse étrangère comme le New York Times et la BBC, a provoqué un tsunami en Iran. Dans l’enregistrement, le ministre iranien des Affaires étrangères a exprimé de vives critiques envers l’aile dure du régime iranien et son interférence avec la mission du ministère des Affaires étrangères, et a reconnu que son pays avait dilapidé beaucoup d’argent en opérations militaires après la signature de l’accord nucléaire. Les autorité ont demandé mardi 27 avril l’ouverture d’une enquête pour “complot”.

Il s’est avéré que l’enregistrement provenait d’une interview télévisée qui a duré plusieurs heures et qui devait être diffusée après la fin du mandat du gouvernement iranien actuel, les prochaines élections présidentielles étant prévues en juin prochain, mais une partie de l’échange a été divulgué prématurément.

Dans un entretien avec Saeed Laylaz, un économiste qui soutient le gouvernement de Hassan Rohani, le ministre iranien des Affaires étrangères a indiqué en mars dernier que l’Iran avait beaucoup perdu à la suite de ses interventions militaires en Syrie, et que les interventions militaires contrôlaient la diplomatie du pays, et non l’inverse.

Il a révélé également que Qassem Soleimani, l’ancien commandant de la Force Qods, le bras militaire externe des Gardiens de la révolution, exerçait des pressions sur le ministère des Affaires étrangères, sacrifiant la diplomatie au profit des opérations militaires, et que les militants tentaient de faire obstacle à la conclusion de la accord nucléaire de 2015 en plusieurs étapes, qui ont commencé avec le voyage de Soleimani à Moscou sans coordination avec le ministère des Affaires étrangères, et une attaque lancée contre l’ambassade saoudienne à Téhéran.

Il a expliqué que Soleimani lui imposait des conditions lors des négociations autour de la Syrie, et qu’il insistait pour utiliser des avions civils pour les voyages d’approvisionnement à Damas. Zarif a indiqué avoir reçu un avertissement en 2016 de l’ancien secrétaire d’État américain, John Kerry, en raison de la multiplication par 6 des vols de la compagnie Iran air vers la Syrie.

Il a ajouté que cela était dû à la pression et à l’influence exercées par Soleimani pour soutenir les opérations militaires: “A chaque négociation, Qassem Soleimani me disait, prends ce point en considération. J’ai sacrifié la diplomatie pour le champ de bataille.”

Il a estimé que la Russie s’opposait à un rapprochement entre Téhéran et l’Occident, considérant que cela nuirait à ses intérêts, et qu’il n’y a pas eu de changement dans l’attitude de la nouvelle administration américaine envers l’Iran depuis que Joe Biden a pris le pouvoir à la Maison Blanche au début de cette année.

Les informations divulguées par Zarif ont été mises en avant par la presse locale iranienne et ont suscité de vives réactions, notamment en ce qui concerne le gaspillage d’argent dans des opérations à l’étranger, alors que des millions d’iraniens vivent sous le seuil de pauvreté.

Saïd Khatibzadeh, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères qui n’a pas contesté l’authenticité du document sonore fuité, a affirmé qu’il avait été extrait d’une interview de 7 heures comprenant des “opinions personnelles” et que l’entretien était supposé être “confidentiel”.

D’après plusieurs médias, cet entretien mené par l’économiste iranien Sayeed Laylaz, proche des réformateurs, était destiné à la réalisation d’un documentaire historique sur le mandat de Hassan Rohani, qui touche à sa fin en juin 2021.

Il convient de noter que Téhéran a déployé en Syrie des milices locales et étrangères dont le nombre a dépassé 50 factions, et que le nombre de ses militants dépasse 60000 personnes travaillant sous la direction d’experts militaires iraniens pour mettre en œuvre la stratégie de Téhéran.

Les premières de ces milices à avoir participé à la guerre syrienne sont la “Force Qods” dirigée par Qassem Soleimani et affiliée aux Gardiens de la révolution iranienne, et le Hezbollah libanais. Cela a été suivi par la formation de milices armées de différents pays, comme la milice afghane Fatemiyoun, la Pakistanaise Zainabiyoun, Abul Fadl Al Abbas et d’autres organisations extrémistes accusées d’avoir commis des massacres sectaires en Syrie et des violations des droits de l’homme, en particulier dans les régions de l’est et du sud.

Certains détracteurs de Zarif ont appelé à sa démission. Le journal ultraconservateur Vatan-e Emrooz, a publié une grande photo du ministre qualifié de “méprisable”. De leur côté, les journaux réformateurs se demandent “à qui profite la fuite”.

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