L’accord sino-iranien ou les “vendeurs de la patrie” aux étrangers

Nous sommes visiblement débarrassés du refrain anti-présence-étrangère que l’Iran nous chante depuis des décennies, et par la même, du slogan “Ni Orient ni Occident… seulement une République islamique”, lancé dès le début du projet de Wali al-Faqih et qui symbolisait la rupture entre Téhéran et les grandes puissances.

Cette politique a pris fin lorsque l’Iran a annoncé la signature d’un accord de coopération stratégique avec la Chine qui s’étend sur un quart de siècle. La plupart de ses clauses sont secrètes et son architecte serait le guide suprême iranien, dit-on. L’accord a été scellé quelques jours après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire. Ce document comprend une feuille de route pour la coopération sino-iranienne dans les domaines politiques bilatéraux, régionaux et internationaux, ainsi que dans les domaines de la défense et de la sécurité, ce qui marque officiellement la fin de l’ère des slogans iraniens contre la présence étrangère dans la région.

La révolution khomeiniste et la proclamation du slogan “Ni Orient ni Occident … seulement une République islamique”, est la principale raison de la présence des forces étrangères dans la région, mais aujourd’hui avec l’accord sino-iranien, nous espérons au moins en découdre avec cette rengaine stérile.

Le régime iranien a beau nié la présence des forces chinoises sur son sol, il est loin d’être convaincant pour les Iraniens qui ont inondé la toile d’un hashtag intitulé “Sellers of the Nation” (les vendeurs de la patrie), et qui ont lancé une campagne de critiques acerbes envers l’accord de coopération avec la Chine.

De nombreux Iraniens considèrent cet accord comme une nouvelle version du “traité de Turkmantchai” signé entre l’Iran et la Russie dans la première moitié du XIXe siècle, et dans lequel l’Iran a cédé à la Russie les régions d’Irwan et de Nakhitchevan au nord-ouest, en plus de lui avoir offert des privilèges économiques et douaniers à l’intérieur du pays. Le traité de Turkmantchai est perçu par les iraniens comme l’un des pires événements de l’histoire iranienne contemporaine.

La question est maintenant de savoir quelle est la réelle signification de ce nouvel accord. Ce qui est certain, c’est que cela reflète l’affaiblissement de Téhéran et sa dépendance à une puissance étrangère pour garantir son salut après la propagande mensongère dépeignant l’Iran comme le parti victorieux dans quatre capitales arabes.

Aujourd’hui, l’Iran ne demande pas l’aide de la Chine pour soutenir sa position dans la région, ni pour le soutenir militairement, il cherche plutôt son soutien à l’intérieur même de l’Iran. Alors que l’Arabie saoudite dirige désormais son avenir avec sa propre vision, nous constatons que c’est la Chine qui dirige l’avenir et la vision de l’Iran, et la différence est grande.

Qu’est-ce que cela signifie pour les Américains et les puissances occidentales dans leur ensemble? Le message est clair et il s’agit d’une menace adressée à l’administration américaine, il est donc impératif que Washington maintienne les sanctions et la pression maximale contre l’Iran, ce qui conduirait probablement le régime iranien vers la table des négociations avec des concessions et non des conditions.

L’accord sino-iranien appelle également à la nécessité de poursuivre l’Iran en Irak, au Yémen, en Syrie et au Liban, à la fois militairement et en termes de renseignement. A ce moment-là, l’Occident pourrait obtenir l’Iran au prix le plus bas.

Si la pression maximale, l’intelligence et le travail économique avec les alliés de la région se poursuivent, l’Iran serait obligé de se soumettre ou de se briser. Il s’agit d’une bataille acharnée dans une région ou ceux qui font preuve de bonnes intentions et de laxisme sont les plus grands perdants.

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