L’Union européenne place la Turquie sous surveillance pour non respect des libertés et des droits de l’homme

Aujourd’hui 25 mars, l’Union européenne a décidé de mettre Ankara sous surveillance jusqu’au mois de juin prochain pour dénoncer la détérioration des droits et des libertés en Turquie, malgré les promesses du président Recep Tayyip Erdogan à cet égard.

Si les Européens envisagent de normaliser leurs relations avec la Turquie après un an de vives tensions, ils préfèrent que ce rapprochement soit “progressif, conditionnel et éventuellement réversible”, comme l’a annoncé le président du Conseil européen, Charles Michel, dans sa lettre d’invitation au Sommet européen, selon ce qui a été rapporté par l’Agence France-Presse.

Et en raison de la détérioration de la situation sanitaire, la réunion se tiendra jeudi et vendredi par visioconférence.

Les discussions autour de la Russie ont été annulées pour cette raison et réduites en “résumé” dans lequel Charles Michel informera les membres de la réunion de ses récents contacts avec le président russe Vladimir Poutine, qui a dénoncé la position “controversée” de l’Union européenne avec Moscou. Un diplomate européen a déclaré que les décisions concernant la Turquie ont été reportées au mois de juin prochain, précisant que la deuxième journée du Sommet qui se tiendra vendredi, sera brève.

La participation du président américain Joe Biden au Sommet permettra de délivrer un message ferme et commun à l’attention du président turc.

“Ce n’est plus un secret pour personne que nous avons des différends avec la Turquie”, a déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken au cours d’une réunion avec l’OTAN qui s’est tenue mardi et mercredi.

Mais les américains comme les européens refusent de couper les ponts avec Ankara. “La Turquie est un allié ancien et précieux, et nous avons un grand intérêt à la préserver au sein (de l’OTAN)”, a affirmé Antony Blinken.

De son côté, le Premier ministre italien Mario Draghi a résumé la position européenne en soulignant “l’importance d’éviter les initiatives qui créent des divisions et la nécessité de respecter les droits de l’homme”. Le récent retrait du président turc de “l’accord d’Istanbul” destiné à prévenir les violences contre les femmes, à la suite de discussions avec Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a été perçu comme une gifle.

Le ministre européen des Affaires étrangères, Josep Borrell, a averti que les récentes décisions des autorités turques ont tendance à “renforcer les inquiétudes de l’Union européenne concernant le déclin des droits fondamentaux, et à saper la crédibilité d’un engagement envers une réforme”. Les diplomates affirment que “les européens ne font pas confiance au président turc parce qu’il ne respecte pas ses obligations”, et qu’ils voient “beaucoup d’opportunisme dans sa volonté affichée de se ranger”.

Un diplomate européen a déclaré à l’Agence France-Presse: “Nous avons remarqué qu’il n’y a pas eu de signaux négatifs depuis le début de l’année, mais nous ne sommes pas naïfs, car plusieurs facteurs expliquent ce comportement: le changement de l’administration américaine, la fragilité de l’économie turque, et les répercussions d’éventuelles sanctions européennes.” Un autre diplomate de haut rang a déclaré: “Le bilan est mitigé. Nous ne pouvons pas dire que la Turquie permet à l’Union européenne de plonger facilement dans le programme d’actions positives dont nous avons parlé. Nous sommes en position d’attente”.

Un autre diplomate a affirmé que les décisions du Sommet avaient été discutées jusqu’à la dernière minute pour parvenir à un consensus, mais “Chypre et la Grèce estiment qu’elles contiennent de nombreuses incitations mais pas suffisamment de conditions”. Cela pourrait décevoir Erdogan qui a déclaré qu’il attendait des “résultats tangibles” en réponse à sa volonté de normaliser ses relations avec l’Union européenne.

Le diplomate a déclaré: “Il y aura une vigilance accrue dans les mois à venir pour pouvoir déterminer en juin prochain si les conditions sont réunies pour une normalisation des relations.” Il a ajouté: “Si un retour de bâton est observé, l’Union européenne sera en mesure de défendre ses intérêts. Les outils sont prêts.” A ce sujet, le rapport Borrell indique plusieurs options, dont d’éventuelles sanctions qui cibleraient le secteur du tourisme

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