Etats-Unis: Du 11 septembre aux événements du Capitole

La nouvelle loi antiterroriste qui a fait suite aux émeutes du Capitole en début d’année suscite la controverse aux Etats-Unis et représente un dossier épineux pour Joe Biden.

Inquiètes par la vague de violence provoquée par les groupes suprémacistes blancs classés “dangereux”, les autorités américaines ont appelé à la nécessité de mettre en vigueur une loi antiterroriste nationale contre les actions terroristes locales.

Suite à sa défaite aux élections face à Joe Biden, Donald Trump avait prononcé des déclarations qui avaient enflammé ses adeptes les plus virulents. Le 6 janvier 2021, avant la réunion du Congrès pour ratifier le résultat des élections, des groupes d’extrême droite ont pris d’assaut le Capitole provoquant de violents affrontements avec les forces de l’ordre. Les Etats-Unis qui ont considéré cet évènement comme “une attaque contre la démocratie” américaine, n’avaient pas connu un tel incident depuis 207 ans.

Selon une déclaration du département de la police métropolitaine, l’agitation avait déjà commencé la veille lorsque Enrique Tario, 36 ans et chef de la milice d’extrême droite “Proud Boys”, a été arrêté pour dégradation de biens publics.

Trump, en fervent défenseur des valeurs républicaines conservatrices, a largement contribué à la montée de l’extrême droite aux Etats-Unis en offrant une légitimité à ses sympathisants dont il a tout le soutien. Les agressions raciales se sont multipliées dans le pays et de nouveaux mouvements radicaux sont apparus, comme le mouvement Bugalo, une nouvelle milice d’extrême droite.

L’extrême droite a vu le jour en 1983 lorsque le raciste antisémite Robert Jay Matthews a fondé “The Order”, un groupe de néo-nazis farouchement opposés au gouvernement fédéral.

Bien que de nombreux éléments de l’Ordre soient morts ou en prison, des partisans sont encore actifs dans le pays comme en témoigne le rassemblement de 2017 à Charlottesville en Virginie, et l’émeute du 6 janvier à Washington.

Bruce Hoffman, chercheur spécialiste dans les affaires terroristes, a également estimé qu’il était temps de promulguer une loi contre le terrorisme national. Il a déclaré : “Après le 11 septembre, nous avons réalisé que nous étions dans un nouveau monde, dans une nouvelle ère. Nous avons dû faire des ajustements et je pense que nous en sommes actuellement au même point.”

En revanche, Hina Shamsi, chef du projet sur la sécurité nationale de l’Union des libertés civiles, a déclaré qu’une telle mesure serait une erreur. “Il n’y a pas besoin d’une nouvelle loi pour traiter la violence suprémaciste blanche ou d’autres formes de violence que les gens considèrent comme du terrorisme. Le problème n’est pas l’absence de lois mais le manque de volonté dont ont fait preuve les autorités tout au long de notre histoire pour faire respecter ces lois, et s’intéresser réellement à la violence de la suprématie blanche”, a-t-elle déclaré.

Après les attentats menés par Al-Qaïda en 2001, le Congrès américain a adopté le “Patriot Act”, un traité qui a étendu les pouvoirs du gouvernement pour lutter contre l’extrémisme. Hina Shamsi juge ces pouvoirs trop larges et estime qu’ils ciblent de manière disproportionnée les musulmans et les autres minorités. Elle craint de ce fait que la loi nationale sur le terrorisme ne produise le même résultat.

“Nous ne pouvons pas lutter efficacement contre la violence de la suprématie blanche en construisant des systèmes qui nuisent réellement aux communautés de couleur”, a-t-elle déclaré.

Les réfractaires à la loi nationale sur le terrorisme soutiennent que le débat dure depuis trop longtemps pour savoir si les États-Unis ont besoin d’une loi fédérale qui garantisse que les terroristes nationaux soient jugés et condamnés dans un tribunal fédéral, de la même manière que les terroristes internationaux.

Les États-Unis ont classé environ 60 organisations étrangères dans la liste des groupes terroristes. Peu d’entre eux sont aussi connus qu’Al-Qaïda ou Daech, et tous ne sont pas des groupes islamistes radicaux.

Ceux qui sont en faveur de cette nouvelle loi considèrent qu’il y a une discrimination dans la gestion de la criminalité aux Etats-Unis, et que quiconque agirait au nom d’Al-Qaïda par exemple, devrait être accusé de crime terroriste, qu’il soit étranger ou citoyen américain. En attendant, ceux qui entreprennent des actions similaires sans appartenir à une organisation terroriste étrangère, ne seront pas accusés de terrorisme national.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les républicains avaient tendance à faire pression pour mettre en place des mesures de sécurité généralisées, tandis que les démocrates étaient plus préoccupés par les libertés civiles. Aujourd’hui, les démocrates appellent à une législation nationale sur le terrorisme, tandis que les républicains remettent en question les procédés d’application de la loi.

Début mars 2021, au Comité sénatorial de la sécurité intérieure, plusieurs démocrates ont critiqué la division antiterroriste du FBI pour avoir été incapable de déceler la menace avant les émeutes du 6 janvier au Capitole.

Les républicains se sont également demandé si le FBI n’avait pas agi avec trop d’empressement dans le recueil des informations sur les émeutiers.
Alors que la question continue de diviser, l’administration Biden ne s’est pas encore prononcée sur ses intentions, sachant que Joe Biden avait déjà lancé l’idée du projet de cette loi nationale durant sa campagne présidentielle.

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