Le Hamas se sert des femmes pour améliorer son image avant les élections

En pleines spéculations et craintes pour le résultat des élections palestiniennes prévues dans deux mois, le mouvement Hamas, extension des Frères musulmans dans la bande de Gaza, a surpris la scène politique en désignant pour la première fois des femmes pour occuper des fonctions au sein du Parti. Selon un communiqué publié par le mouvement, Jamila Al-Shanti a été élue membre de son bureau politique, et Fatima Shurrab présidente des affaires féminines au sein du mouvement.

Jamila Al-Shanti a commenté cet évènement singulier au sein du Hamas qui a toujours rejeté la participation des femmes, en déclarant qu'”elle n’épargnerait aucun effort pour s’acquitter des nouvelles responsabilités qui lui ont été confiées”.

L’élue a poursuivi dans ses déclarations à la presse palestinienne: “Il y avait une volonté de la part du Hamas d’élire une femme dans son bureau politique, et le choix de mes sœurs et frères s’est porté sur moi.”

Elle a indiqué que son expérience au Conseil législatif depuis 2006 et son accession au ministère des Affaires féminines plus tard, ainsi que sa présence au sein de l’organisation, ont été au centre de l’attention et de l’appréciation de ceux qui l’ont choisie pour ce poste. Elle a également exprimé son espoir d’être à la hauteur de leurs attentes.

Jamila Al-Shanti a précisé que jusque là, les dossiers n’avaient pas encore été distribués aux membres élus du Bureau politique, mais qu'”elle était prête à récupérer et à suivre n’importe quel dossier”.

Le Hamas tente ainsi d’améliorer l’image qu’il reflète à l’extérieur en se servant d’éléments féminins qu’il a longtemps jugés inaptes à gérer les affaires politiques. Cette astuce a déjà été utilisée auparavant par les mouvements et les partis islamiques dont l’interprétation religieuse interdit pourtant le travail des femmes dans des lieux publics, jusqu’à ce qu’ils en aient besoin comme couverture ou comme outil de communication.

Le mouvement islamique tunisien Ennahda est l’une des entités qui se sert le plus des femmes dans la fonction politique, à l’instar des Frères musulmans égyptiens qui se servent toujours d’une ou deux femmes pour montrer leur “ouverture d’esprit”.

Certains pays occidentaux qui considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, ont quelques réserves vis-à-vis de cette méthode qui consiste à inclure les femmes pour manipuler l’opinion. Le mouvement tente de se soustraire à cette classification en apportant des changements en apparence, notamment en approuvant l’invitation lancée par le président palestinien, Mahmoud Abbas, à organiser des élections législatives à la mi-mai.

Le département d’État américain avait accusé le Hamas d’avoir lancé des attaques qui ont tué 17 américains depuis la création du mouvement en 1987, mais en septembre 2019, le Tribunal européen de première instance du Luxembourg a décidé d’annuler l’inscription du mouvement palestinien et de sa branche militaire, les Brigades Al-Qassam, dans les listes terroristes, ce qui l’a encouragé à prouver son ouverture et sa distanciation de la pensée extrémiste.

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