Washington accuse le prince héritier saoudien du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi

Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien de 60 ans, rédacteur au journal saoudien “Al-Watan”, est mort assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul dans des circonstances obscures.

Le bureau de la directrice du renseignement américain Avril Haines, a publié un rapport sur les dites circonstances, accusant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS), d’avoir validé l’opération du meurtre du journaliste dissident. Ce rapport que le nouveau président américain Joe Biden a décidé de publier vendredi 26 février, n’apporte cependant rien de plus que ce qui avait été publié précédemment par les services turcs du renseignement, et ne précise pas si l’opération qui a coûté la vie à Khashoggi visait à l’arrêter ou à le tuer.

“Nous sommes parvenus à la conclusion que le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a validé une opération à Istanbul, en Turquie, pour capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi”, indique ce rapport déclassifié de quatre pages. “Le prince héritier considérait Khashoggi comme une menace pour le royaume et plus largement soutenait le recours à des mesures violentes si nécessaire pour le faire taire”.

Et pour cause, Jamal Khashoggi a plus d’une fois dénoncé les méthodes brutales et les expéditions punitives du prince héritier, sur le trône depuis 2015. Par crainte de représailles, le journaliste s’était d’ailleurs exilé aux États-Unis à partir de 2017.

Dans ce contexte, l’administration Biden a annoncé des restrictions de visas pour 76 ressortissants saoudiens, accusés d’avoir “menacé des dissidents à l’étranger”, dont Jamal Khashoggi. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle règle que le département d’Etat américain a appelée “Khashoggi ban” (interdiction Khashoggi).

En réponse, l’Arabie saoudite a exprimé vendredi son rejet catégorique des “conclusions abusives et incorrectes” contenues dans le rapport de la CIA. Le Royaume a saisit cette occasion pour renouveler sa condamnation du “crime odieux” dont Khashoggi a été victime et rappeler les mesures prises par le gouvernement contre les personnes impliquées.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a publié un communiqué déclarant qu’il avait suivi “ce qui a été diffusé dans le rapport présenté au Congrès (américain) concernant le meurtre de Jamal Khashoggi”. Il a ajouté que le gouvernement saoudien “rejetait fermement les conclusions infondées et offensantes à l’égard des dirigeants saoudiens, et qui ne peuvent en aucun cas être acceptées”.

Le ministère saoudien est revenu dans sa déclaration sur ce qui avait été précédemment émis à ce propos par les autorités compétentes du Royaume, à savoir “qu’il s’agit d’un crime odieux qui constitue une violation flagrante des lois et des valeurs du Royaume, commise par un groupe qui a transgressé toutes les règles et outrepassé les autorités des institutions pour lesquelles ils travaillaient, que toutes les mesures judiciaires nécessaires avaient été prises pour enquêter sur eux afin de les traduire en justice, et que les décisions judiciaires définitives rendues contre eux, ont été bien accueillies par la famille de Khashoggi, paix à son âme”.

Le ministère des Affaires étrangères a poursuivi dans cette même déclaration : “Il est vraiment regrettable qu’un tel rapport avec ses conclusions erronées et injustifiées ait été publié alors que le Royaume a condamné ce crime odieux, et que ses dirigeants ont pris toutes les mesures nécessaires pour qu’un incident aussi malheureux ne se reproduise plus à l’avenir. Le Royaume rejette toute allégation qui pourrait affecter sa direction, sa souveraineté et l’indépendance de son pouvoir judiciaire”.

Mohammed ben Salmane, grand protégé de Donald Trump, redoutait l’élection de Joe Biden. L’ex-président des Etats-Unis voulait absolument garder secret le compromettant rapport de la CIA sur la l’assassinat de Jamal Khashoggi, publié à la demande de son successeur démocrate, qui vient d’afficher au grand jour sa volonté de se distancier de Ryad, et son hostilité envers le prince héritier.

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