Salafistes, Frères musulmans : deux courants, deux stratégies

Les salafistes et les Frères musulmans, deux courants islamiques dont les points communs résident dans l’extrémisme religieux et la controverse qu’ils suscitent. Cependant ils se distinguent par une vision du monde et des objectifs très différents.

Pour les salafistes, il s’agit d’appliquer l’islam dans la vie de tous les jours selon les préceptes du prophète Mahomet, tels qu’ils étaient appliqués par lui et ses compagnons dans la société médinoise juste après l’avènement de l’islam en l’an 630 : porter des vêtements longs, ne pas se couper la barbe, prier dans la rue comme le faisait le prophète (à une époque ou il y avait peu, voire pas de mosquées du tout), et traiter la femme comme un être à la fois inférieur et perfide, un être dont il faut se méfier et se distancier. Mais la caractéristique prédominante est le rejet de tout ce qui à trait à la modernité et particulièrement au monde occidental considéré impur et peuplé de mécréants. C’est précisément cette haine de l’occident et de la modernité au sein même des sociétés musulmanes qui mènent certains à pousser le radicalisme jusqu’au crime, que les salafistes considèrent comme l’acte ultime du sacrifice divin : “le djihad”. Certains rejoignent pour cela des organisations terroristes, d’autres s’investissent dans des missions isolées et agissent seuls au Nom de Dieu, espérant rejoindre ainsi le paradis de fait.

Avec les Frères musulmans, nous nous retrouverons dans le domaine de l’islam politisé. La Confrérie des Frères musulman est née en Egypte dans les années 1920, fondée par Hassan al-Banna, le grand-père de Tarik Ramadan. L’objectif de la Confrérie était de lutter contre le colonialisme britannique et le modèle culturel occidental qu’il a apporté dans la société égyptienne. Contrairement au salafisme, c’est un mouvement qui ne rejette pas la modernité mais plutôt le mode de vie occidental étranger aux sociétés musulmanes. Avec lui, l’islam prend la forme d’une revendication identitaire et d’une volonté de réhabilitation des traditions arabes. C’est un courant purement anti-colonialiste. Les associations issues de la Confrérie ont joué un très grand rôle auprès des jeunes et des familles dans le besoin, elles ont investi le domaine éducatif, sportif, culturel, caritatif et bien d’autres, dans le but de “réveiller” les consciences et d’éduquer la population de sorte à ce qu’elle soit fière de ses origines culturelles et religieuses et ainsi mieux lutter contre l’importation des modèles occidentaux. Pendant longtemps, ce courant a eu le vent en poupe et s’est répandu dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du nord sous différentes appellations : Ennahda en Tunisie, le PJD au Maroc, le Hamas à Gaza, etc. La Confrérie est devenue une sorte de “multinationale” de la mouvance sunnite, abondement financée par les pays du Golfe. Le but ultime des Frères musulmans est d’accéder au pouvoir. Avec le temps, l’Europe est devenue un enjeu pour eux. Le nombre croissants des musulmans sur le continent, particulièrement en France avec 6 millions de musulmans, leur a permis de peser dans les décisions politiques européennes en faisant pression sur les décideurs au nom du pluralisme pour intégrer leurs valeurs islamiques dans les sociétés occidentales. Cela passe par la revendication du voile, la nourriture halal dans les cantines, la multiplication des mosquées, le doit de prier dans les rues, etc. Autant de pratiques incompatibles avec la laïcité. Ce sont les Frères musulmans avec leurs moyens financiers conséquents qui sont responsables de la propagation d’une idéologie islamique radicale devenue hors de contrôle et la multiplication des organisations terroristes, autant dans le monde arabo-musulman que dans les sociétés occidentales.

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