C’est une course contre le montre que le président turc Tayyip Erdogan a engagée pour ne pas figurer dans la liste des ennemis des Etats-Unis. C’est la raison pour laquelle il a commencé à annoncer un série de réformes internes et externes dès l’élection de Joe Biden.
Les tentatives d’Erdogan de “rassembler les fragments” de son gouvernements se sont faites sentir lorsqu’il a ouvert les voies du dialogue entre lui et le président français Emmanuel Macron dans le but améliorer ses relations plus que troublées avec Paris. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşo, a annoncé que Erdogan a écrit en premier à Emmanuel Macron pour lui présenter ses vœux de bonne année et ses condoléances après les attentats qui ont eu lieu en France à l’automne dernier.
Erdogan a également déclaré lors d’un appel téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel en décembre 2020, qu’il souhaitait ouvrir une nouvelle page avec l’Union Européenne, affirmant qu’il y a une opportunité pour rétablir de bonnes relations entre son pays et l’UE mais que certains gouvernements tentaient de l’entraver en créant des “crises politiques”. Vu de loin, ces démarches ressemblent à une nouvelle politique étrangère pour la Turquie.
Erdogan a également annoncé la reprise des pourparlers avec la Grèce concernant le litige sur les droits maritimes de chacune des parties en mer méditerranée qui a failli faire éclater un sévère conflit entre elles l’année dernière. Erdogan a déclaré dans un communiqué : “Nous devons cesser de faire de la Méditerranée une zone de compétition et travailler sur ce qui sert nos intérêts sur le long terme.”
Et parce que le président turc est conscient que le chemin le plus court pour atteindre l’esprit de l’administration américaine est l’Etat d’Israël, il a récemment tenté d’ouvrir une nouvelle page avec Tel Aviv. A ce sujet il a déclaré : “Nos cœurs désirent que nous puissions élever nos relations avec Israël à un meilleur niveau.” Une tentative de sa part de briser la glace après des années de tension avec Tel Aviv.
Massoud Kasin, le conseiller turc des affaires étrangères a en effet confirmé en décembre dernier que les relations entre Ankara et Tel Aviv étaient sur le point de connaitre une éclaircie, et que les relations diplomatiques entre les deux pays pourraient bien reprendre à partir du mois de mars prochain. Il déclare : “Si Israël fait un pas, peut-être que la Turquie en fera deux. Si nous apercevons un feu vert, la Turquie pourrait ouvrir à nouveau les portes de l’ambassade israélienne, et pourquoi pas rétablir des relations diplomatiques complètes à partir du mois de mars.”
Le conseiller des affaires étrangères de la Turquie a précisé qu’il y avait eu des pourparlers menés au plus haut niveau entre Hakan Fidan, les chef des renseignements turcs, et des responsables israéliens. Ces derniers auraient imposé trois conditions pour rétablir des relations cordiales : que la Turquie cesser de permettre au Hamas de la bande de Gaza d’organiser des activités militaires sur son territoire, que Ankara fasse preuve de plus de transparence autour de ses activités à Jérusalem-Est, et enfin que Erdogan et les responsables turcs modèrent leurs discours anti-israélien.
Le régime turc n’a pas hésité a accepter ces trois conditions, espérant gagner les faveurs du président américain Joe Biden, qui fait pression sur Erdogan en brandissant la carte de l’opposition. Ankara, loin de Washington, est en train de sombrer dans l’isolement, et court également le risque de faire face à un bloc régional pro-occidental qui lui est hostile, après que Ankara s’est précipitée à explorer du gaz en Méditerranée et a lancer des attaques militaires. Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin, a confirmé à Bruxelles que la Turquie était prête à s’engager à ne plus soutenir les Frères musulmans et le Hamas, et à rétablir les relations avec Tel Aviv.