Lokman Slim, l’intellectuel libanais critique du Hezbollah, assassiné au Liban-Sud d’une balle dans la tête

Lokman Slim est un éditeur, chercheur et essayiste libanais de confession chiite, fervent militant en faveur de la démocratie et de la laïcité et farouchement opposé au mouvement armé chiite du Hezbollah. Il avait signalé à plusieurs reprises les menaces de mort dont il faisait régulièrement l’objet en raison de ses critiques envers le parti du Hezbollah, soutenu par l’Iran.

L’opposant libanais a de nombreuses fois été attaqué pour avoir dénoncé le monopole politique au Liban des deux partis chiites Hezbollah et Amal. On lui reproche également des positions pro-américaines pour avoir parfois rencontré de hauts responsables américains.

En décembre 2019 il a signalé deux rassemblements organisés par les dirigeants de ces deux partis devant son domicile pour le menacer. Des affiches le qualifiant de “traitre” avaient été collées sur sa maison. Il écrit dans un communiqué : “Par précaution en cas d’atteinte verbale ou physique à venir, contre moi, mon épouse, ma maison ou mes proches, je fais porter l’entière responsabilité […] de ce qui s’est passé, et de ce qu’il pourrait se passer à Hassan Nasrallah et Nabih Berri.”

La sœur de Lokman Slim, Rasha al-Ameer (g), et Monika Borgmann, son épouse, dans la demeure familiale, jeudi 4 février 2021. Photo Mohammad Yassine

Ne le voyant pas renter mercredi soir à Beyrouth comme prévu après une visite dans un village du sud du Liban, sa sœur et son épouse signalent sa disparition. Son épouse, Monika Borgmann, publie un tweet dans la nuit de mercredi à jeudi dans lequel elle écrit : “Lokman ne répond pas à son téléphone et n’a pas été vu depuis hier à 20 heures. S’il vous plaît, partagez toute information.” Ce matin (jeudi), sa sœur Rasha al-Ameer, déclare à l’AFP que le kidnapping de son frère était liée à ses opinions et qu’elle ne voyait pas d’autre raison à sa disparition.

Plus tard dans la journée, une source sécuritaire anonyme indique à l’AFP que l’intellectuel libanais de 58 ans a été retrouvé mort dans la région de Al-Adoussiyeh du sud du Liban, “tué d’une balle dans la tête dans sa voiture”.

Un quotidien francophone libanais a indiqué que Jawad Nasrallah, le fils du chef du Hezbollah, a publié le message suivant sur twitter juste avant de l’effacer : “Ce qui constitue une perte pour certains est un gain pour d’autres et une bénédiction inattendue.”

Le ministre de l’intérieur libanais Mohamed Fahmy a pour sa part dénoncé “un crime effroyable”, assurant qu’il se chargeait des suites de cette affaire. La formation politique sunnite de Saad Hariri opposée au Hezbollah a de son côté dénoncé “un assassinat ignoble” et exprimé ses craintes concernant “un retour aux assassinats politiques”.

Depuis quelques heures sur twitter, le hashtag Lokman_Slim (en arabe), se répand sur la toile au Liban. De nombreux intellectuels et activistes lui ont également rendu hommage sur les réseaux sociaux.

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