Ahmed al-Saifi, le promoteur de l’islam radical en Amérique latine

Ahmed Al-Saifi est un ressortissant libanais et un homme d’affaire dont les activités suspectes ont été révélées en 2018 par le journal “Al Marjie”. Fondateur d’un centre d’appel islamique au Brésil, il entretiendrait des relations étroites avec des groupes extrémistes à travers le monde, notamment l’Etat islamique et la Confrérie des frères musulmans. Le journal qui a pourtant prouvé ces accusations par des documents et des photos prises lors d’évènements publics, est menacé par Al-Saifi de poursuites judiciaires pour diffamation.

Un ami de l’Iran

Les documents en possession du journal “Al-Marjie” révèlent également des liens forts liant l’homme d’affaire à l’Etat iranien. Lors d’une de ses visites en Iran, il a été présenté comme un des principaux représentants de l’islam dans le monde. Al-Saifi a de son côté fait les éloges du régime iranien et a déclaré : “J’ai parcouru 20 000 kilomètres pour vous rendre visite… Je remercie sincèrement ce pays béni, le gouvernement et le peuple iranien, ainsi que Son Eminence Hajjat ​​Al-Islam Muhammad Ali Tasqili, de m’avoir accueilli.”

Il a jouté : “Des nations ont manqué de vous détruire quand des gens qui prétendent être des nôtres mais ne le sont pas, sont sortis pour réclamer la laïcité ou le socialisme dans nos pays, Tunisie et Egypte. Maintenant, d’ici je dis : Ô juifs, l’armée de Mahomet reviendra.”

Ahmed Ali Al-Saifi à Téhéran faisant les éloges du régime iranien

Une présence sur tous les fronts

Multipliant les contacts douteux et profitant des centres d’appel islamiques à travers le monde, Al-Saifi tire sur toutes les ficelles pour pénétrer différentes sociétés. Son objectif : promouvoir l’idéologie islamiste radicale et attirer de nouveaux adeptes pour compenser la baisse du nombre de missionnaires dans leurs pays d’origine.

Les documents détenus par le journal “Al-Marjie” ont révélé les détails du plan de Ahmed Al-Saifi. Il est notamment membre d’une organisation terroriste présente en Egypte et dans d’autres pays musulmans, et le leader d’un centre d’appel islamique en Amérique latine qui reçoit un soutien financier massif dans le but de raviver l’idéologie extrémiste et la promouvoir dans les pays d’Amérique latine dont le Brésil.

Création de centres de loisirs, délivrance de certificats d’abattage halal, participation au salon du livre, organisation d’une conférence annuelle pour musulmans…l’homme d’affaire a profité des possibilités offertes par le centre qu’il a lui même fondé en 1987 au Brésil, pour promouvoir ses idées à travers une longue série d’activités qui lui ont permis de prendre le pouvoir sur les musulmans résidents au Brésil, et d’attirer toujours plus de jeunes adeptes.

Soutien des Frères musulmans

Le centre d’appel islamique brésilien bénéficie d’un grand soutien financier de la part d’institutions caritatives et d’hommes d’affaire affiliés à la Confrérie des frères musulmans. Le montant précis de ces subventions reste inconnu mais certains adeptes affirment qu’il dépasse deux milliards de dollars par an.

Pour continuer à agir dans la “légalité” et ne pas attirer l’attention des autorités brésiliennes, Al-Saifi a orienté son fils et son frère vers des activités politiques loin des ses propres affaires à lui. Grâce aux cellules de la Confrérie, les affaires du fils Al-Saifi sont soutenues au-delà du Brésil, notamment au Maroc et en Turquie, et ont commencé à se diversifier. Sous couvert d’activités dans le commerce mondiale du marché halal, il est devenu un invité régulier des conférences organisées au Qatar et dans d’autres pays du Golfe.

Pour se dissimuler davantage, Ahmed Al-Saifi a eu recours à la création de plusieurs autres centres fictifs prétendant soutenir des associations caritatives dans le monde, notamment l’Organisation du secours islamique qu’il a cherché a exploiter pour transférer de nombreuses mosquées au nom de son centre islamique brésilien, et utiliser ainsi leurs fidèles pour servir les objectifs de l’organisation terroriste.

Le Frère musulman Mohammed Al-Arifi en Amérique latine, embrassant la tête de Al-Saifi

Le témoignage de Al-Othmani

Lors d’une entrevue entre le journal “Al Marjie” et Sadiq Al-Othmani, directeur des affaires religieuses à la Fédération des institutions islamiques du Brésil, ce dernier a affirmé que la fédération qu’il dirige est le seul organisme officiellement reconnu au Brésil pour gérer les affaires religieuses des musulmans, et le seul autorisé à émettre des fatwas.

Il a expliqué que l’Union des institutions religieuses du pays promeut une approche modérée d’un islam conforme à la société brésilienne, et travaille à traduire et imprimer des livres en portugais. Il précise que l’édition s’attache à choisir des livres qui représentent un islam moderne et civilisé et qui appelle à la cohabitation avec tous les cultes, se basant sur le principe du Saint Coran d’établir les bases d’une coexistence avec les non-musulmans.

Al-Othmani a souligné que la présence musulmane au Brésil était représentée par plusieurs institutions qui suivent -pour la plupart- une approche modérée, malgré la récente émergence d’associations à l’idéologie extrémiste émanant des Frères musulmans ou de l’école wahhabite. Il a ajouté que les autorités brésiliennes avaient précédemment arrêté plus de 15 extrémistes qui avaient planifié des opérations terroristes contre la population lors des derniers Jeux Olympiques de Rio de Janeiro.

Le directeur des affaires religieuses des institutions islamiques du Brésil soutient que sa Fédération a pour vocation de contrer les courants extrémistes à travers l’édition, les cours religieux dans les facultés, l’organisation de conférences, ainsi qu’en apportant une aide financière aux familles les plus démunies, afin que les jeunes ne se fassent pas enrôler dans des organisations religieuses criminelles.

Une question demeure

Pourquoi les instances religieuses internationales ne dénoncent pas les agissements et les relations douteuses de Ahmed Al-Saifi ? Une négligence qui lui donne davantage de crédibilité, qui lui permet de s’insinuer insidieusement dans les sociétés d’Amérique latine, et qui accroît le risque d’une diffusion massive des idées obscurantistes des Frères musulmans au détriment de la vraie religion musulmane.

La seule réponse que le journal “Al Marjie” a obtenu de Ahmed Al-Saifi, est la menace de poursuites judiciaires pour diffamation. Aucune explication concernant les preuves que le journal a présentées. A la place, une tentative suspecte de se dissimuler derrière quelques théologiens et érudits saoudiens connus pour leur intégrité, s’imaginant que leur simple présence à des évènements officiels qu’il organise pourrait l’innocenter de ses activités officieuses. Les efforts de l’Arabie Saoudite pour combattre le terrorisme sont désormais bien connus. La tentative de Al-Saifi d’insinuer que le Royaume subventionne ses activités ne trompe personne.

Al-Saifi défend l’ancien président de l’Egypte Mohammed Morsi a travers son compte twitter

L’historique de Ahmed Al-Saifi

Ahmed Al-Saifi a été arrêté en 1964 en Syrie et remis aux autorités libanaises, en raison de ses relations avec des dirigeants du mouvement des Frères musulmans tels que Essam Al-Attar, Zuhair Al-Shawish, Omar Al-Khatib, et Mustafa Al-Sebaei, qu’il a connus par l’intermédiaire de ses camarades lorsque qu’il faisait encore ses études. Il a également participé à des activités de recrutement de nouveaux adeptes pour le compte de la branche syrienne de la Confrérie.

Un livre sur les groupes extrémistes intitulé “Le groupe islamique”, publié au Liban en 1975, a cité l’activité de Al-Saifi en faveur de la Fraternité et de son mouvement en Syrie.

Quant à ses desseins en Amérique latine, nous pouvons en retrouver la genèse dans un document publié par le “New York Times” en 2018. Le journal américain a rapporté les mémoires rédigées en 1991 par un certain Muhammad Akram, un dirigeant de la branche égyptienne de la Confrérie, qui révèle le plan du mouvement en Occident et plus particulièrement en Amérique latine. Akram déclare que le plan du groupe vise à éliminer la civilisation occidentale et à la détruire de l’intérieur.

Le journal a souligné que ce document intitulé “Mémorandum explicatif pour l’objectif du groupe en Amérique latine” mentionnait plusieurs organisations islamistes américaines appartenant à la Fraternité ou à ses adeptes, qui travaillaient à unir les musulmans pour étendre les causes d’Al-Qaida à l’international en affichant une alternative civilisée pour soutenir l’établissement de l’Etat islamique dans le monde.

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