Ce qui a conduit Washington à classer les rebelles Houthis dans les organisations terroristes

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé le 10 janvier qu’il allait inscrire le mouvement yéménite Houthis sur la listes noire des organisations “terroristes”.

Après avoir tenté des efforts politiques et diplomatiques pour parvenir à une solution pacifique avec les Houthis tout au long du mandat du Président Donald Trump, Washington a récemment pris cette décision en raison de l’intransigeance du mouvement yéménite.

Des déplacements ont été effectués par le département d’État dans la région pour rencontrer les parties prenantes et une tentative d’éviter ce classement a été évoquée par le secrétaire Mike Pompeo lorsqu’il a notifié au Congrès cette volonté qui sera mise en œuvre dans les prochains jours.

Selon des sources diplomatiques américaines, la décision a été le résultat d’un travail conjoint entre le Département d’État et le Département du Trésor des Etats-Unis soutenu par certains membres du Congrès, pour s’assurer du processus légal et légitime de ce classement avant qu’il ne soit soumis au vote des législateurs.

Pour justifier la légitimité de cette décision, l’administration américaine s’est basée sur 3 éléments. Le premier concerne les agissements des Houthis. Les sources affirment que les Houthis “visent les civils et les infrastructures civiles au Yémen et en Arabie saoudite et empêchent l’acheminement de l’aide alimentaire et humanitaire.” Le deuxième élément est le recours des Houthis au “kidnaping et au recrutement des enfants pour les conflits armés”. Enfin, les sources affirment que les rebelles Houthis “approfondissent leur relation avec les gardiens de la révolution iranienne considérés par Washington comme terroristes.”

Les sources diplomatiques assurent que l’obstination des Houthis dans leur démarche conduira à “l’affaiblissement de leur position au sein de la communauté internationale et soulèvera d’autres questions quant à leur engagement en faveur de la paix au Yémen”. Elles déclarent : “Si les Houthis veulent jouer le rôle dans lequel nous aimerions tous les voir jouer en tant qu’acteur politique légitime au Yémen, nous devons voir ces activités cesser.”

Le Washington Post a cité un proche associé de l’administration du président élu selon lequel l’équipe de Joe Biden n’était pas favorable à la désignation des Houthis comme groupe terroriste, et que la nouvelle administration devrait annuler cette désignation en raison de son impact humanitaire sur le Yémen.

Le journal a également cité des responsables du département d’État qui ont déclaré que le ministère de la Justice est peu enclin à poursuivre ce type d’accusation, mais qu’une telle décision est également peu susceptibles d’apaiser les préoccupations des organisations humanitaires qui craignent de violer la loi américaine, même si la probabilité de poursuites est faible.

L’avocate et analyste américaine Irina Tsukerman, estime que les États-Unis doivent travailler avec l’Europe, la Chine et la Russie aux Nations Unies et au niveau national pour s’assurer de la mise en œuvre de cette décision de façon plus appuyée, à condition que cette mise en œuvre ne soit pas unilatérale, ce qu’elle juge extrêmement difficile, “comme nous l’avons vu avec le retrait du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien.”

Dans un entretien avec Asharq Al-Awsat, Tsukerman a indiqué que l’exécution de cette décision au niveau des États-Unis devrait être cohérente, et qu’en fin de compte, ce n’était que la première étape pour délégitimer les Houthis en tant que quasi-autorité au Yémen, et les combattre militairement et politiquement au lieu d’essayer de conclure des accords avec eux.

“La mise en œuvre réussie des sanctions nécessitera l’identification, la divulgation et le suivi de toutes les entités qui reçoivent un financement ou sont associées à Ansar Allah (branche politique des Houthis)”, dit Tsukerman, “Cela pourrait forcer les États-Unis à s’engager dans des confrontations inconfortables avec certains de leurs alliés, comme l’ont révélé des rapports et témoignages récents de l’ONU, sur le rôle des agences gouvernementales dans le financement et l’armement des Houthis. Bien que ces affaires soient toujours sous investigations, le blanchiment d’argent impliqué dans ce processus inclut des individus et des entités qui entretiennent entre autre des relations commerciales au long terme dans et avec les pays occidentaux.”

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