La Turquie se dit prête à “normaliser” ses relations avec la France

Depuis un an, les relations diplomatiques entre la France et la Turquie se sont sensiblement dégradées. Des désaccords exacerbés les opposent sur de nombreux dossiers, notamment la Syrie, la méditerranée orientale, Chypre, la Grèce, la Lybie et depuis peu le Haut-Karabakh.

La tension entre les deux pays s’est accrue en octobre dernier en raison de la prise de position de la France concernant les caricatures de Mahomet et l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait condamné le projet de loi d’Emmanuel Macron sur le “séparatisme islamiste”, l’accusant de mener une “campagne de haine” contre l’islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet, et mettant en cause sa “santé mentale.” En décembre, il avait également émis l’espoir de voir la France se “débarrasser le plus tôt possible” du président Emmanuel Macron.

C’est dans ce contexte orageux que le ministre turc des affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a évoqué une volonté de normalisation des relations diplomatiques avec la France, à l’issue d’une rencontre avec son homologue portugais Augusto Santos Silva au cours d’une conférence de presse à Lisbonne le 7 janvier dernier. Il précise : “Si la France est sincère, la Turquie est prête à normaliser sa relation avec la France.”

Lors du dernier sommet européen en décembre, les dirigeants des Etats membres réunis à Bruxelles, avaient décidé d’adopter des sanctions ciblées contre Ankara pour ses travaux d’exploration en Méditerranée orientale au mépris du tracé des frontières maritimes contestées par la Turquie. Des mesures qui semblent avoir acculé Ankara. Le président turc Erdogan avait annoncé au cours d’une visioconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel, vouloir ouvrir “une nouvelle page” avec l’Union européenne.

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a quant à lui estimé que la relation de son pays avec les pays de l’union européenne pourrait bénéficier d’une “meilleure atmosphère”. Il déclare : “Au final, nous avons eu une discussion téléphonique constructive avec mon homologue Jean-Yves Le Drian, et nous nous sommes mis d’accord pour travailler sur une feuille de route pour normaliser nos rapports.”

Un retournement de situation surprenant qui pourrait s’expliquer par la volonté farouche d’Erdogan de se faire réélire en 2023, alors que les sondages montrent la progression de l’opposition CHP au dépens du parti présidentiel AKP.

Pour faire la paix avec la France, la feuille de route en question devrait contenir des compromis que le président Erdogan serait peu enclin à accepter. “Une normalisation entre la France et la Turquie est difficile à envisager dans les circonstances actuelles, qui sont celles d’un effondrement continu de l’État de droit en Turquie”, estime Marc Pierini, Chercheur Visiteur au centre Carnegie Europe. “Bien sûr, il existe des intérêts économiques, diplomatiques et sécuritaires. Mais la normalisation ne pourrait se faire qu’en oubliant les valeurs européennes, ce qui me paraît extrêmement difficile .”

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