Bien que l’intensité des combats ait sensiblement diminué dans la plupart des régions du pays, un nouveau rapport des Nations Unies indique que le recrutement des enfants en Syrie a régulièrement augmenté au cours des trois dernières années.
Dans un rapport publié mardi, l’ONU a déclaré avoir documenté le recrutement de 813 enfants en 2020. Ce nombre est passé à 1 296 en 2021, puis à 1696 en 2022.
Parmi les groupes responsables de ces recrutements figure un allié des États-Unis dans la lutte contre l’Etat islamique ; les Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes.
Selon les Nations unies, la moitié des cas, soit 637 cas en 2022, sont dus aux Forces démocratiques syriennes et à ses groupes affiliés dans le nord-est de la Syrie.
Les Nations Unies ont également confirmé 611 cas de recrutement par l’Armée nationale syrienne soutenue par la Turquie, qui a combattu les Forces démocratiques syriennes dans le passé.
L’organisation Hay’at Tahrir al-Sham (anciennement al-Nosra), qui est lié à al-Qaïda dans le nord-ouest de la Syrie, est quant à elle responsable de 383 recrutements.
Le rapport fait état de 25 cas de recrutement d’enfants par les forces gouvernementales syriennes et les milices qui leur sont fidèles.
Bassam Al-Ahmad, le directeur général de « Syriens pour la vérité et la justice », une organisation indépendante de la société civile, a également confirmé que des enfants sont recrutés à travers toute la Syrie.
Il a ajouté que dans certains cas, des enfants sont enrôlés de force, et dans d’autres, des mineurs rejoignent eux-mêmes les rangs dans l’unique but de subvenir à leurs besoins et soutenir financièrement leurs familles.
D’autres sont motivés par des raisons idéologiques, ou agissent par loyauté envers leurs familles ou leurs tribus. Certains de ces enfants sont envoyés hors du territoire syrien pour combattre comme mercenaires dans d’autres conflits.
Les efforts déployés pour mettre fin à ce fléau ont été entravés par la complexité du réseau des groupes armés opérant dans toute la Syrie.
En 2019, les Forces démocratiques syriennes ont signé un accord avec les Nations Unies promettant de mettre un terme au recrutement des enfants de moins de 18 ans, et d’ouvrir dans sa région un certain nombre de bureaux pour la protection de l’enfance.
Le département d’Etat américain avait alors défendu son allié dans un communiqué, affirmant qu’il a été « le seul parti armé en Syrie à avoir répondu à l’appel des Nations unies pour mettre fin au recrutement des enfants ».
Pourtant, Nodem Chiro, la porte-parole d’un bureau de protection de l’enfance dirigé par l’administration locale des « Forces démocratiques syriennes », a reconnu la poursuite du recrutement d’enfants dans les zones placées sous le contrôle des FDS.
Toutefois, le mécanisme des plaintes fonctionne, selon la porte-parole, le bureau ayant reçu 20 plaintes au cours des cinq premiers mois de l’année.
Quatre mineurs ont été retrouvés dans les groupes armées des Forces démocratiques syriennes et rendus à leurs familles, a-t-elle ajouté, précisant que les autres n’étaient pas avec les FDS.
