Le Qatar apporte un grand soutien financier à Erdogan à l’approche des élections turques de 2023

Actuellement, le Qatar et la Turquie mènent des discussions autour d’un soutien financier de 3 milliards de dollars que Doha va verser à Ankara d’ici la fin de l’année. Ces pourparlers viennent d’atteindre leur étape finale, selon un responsable turc. 

A l’approche des élections présidentielles turques de 2023, le moment choisi pour ce financement révèle clairement la volonté du Qatar de soutenir le président Recep Tayyip Erdogan, qui se trouve en grande difficulté face à ses opposants qui exploitent ses nombreux échecs économiques et politiques pour mettre fin à la main mise de son parti « Justice et développement, sur l’ensemble de la vie politique en Turquie.

L’économie turque peine à se relever après des effondrements successifs qui ont fait perdre à la livre turque près de 50 % de sa valeur depuis l’année dernière, et qui ont propulsé l’inflation à des taux records.

La résolution de cette crise est une condition indispensable à la victoire aux prochaines élections, qui, selon les analystes, seront différentes des précédentes en raison de la détérioration des conditions de vie des Turcs ces dernières années, et de la répression croissante des libertés en Turquie.

L’aide financière du Qatar augmenterait les réserves de change pour soutenir la politique non conventionnelle d’Erdogan, qui consiste notamment à réduire les taux d’intérêt bancaires malgré la hausse de l’inflation et la chute de la lire.

Devant la réticence des pays occidentaux à investir en Turquie, Ankara s’est tourné vers des pays “amis” pour soutenir son économie en atteignant un équilibre entre l’offre et la demande de devises étrangères.

Entre la banque centrale turque et son équivalent qatari, il existe déjà un accord d’échange d’une valeur initiale de 5 milliards de dollars. Ce montant a triplé en 2020 pour atteindre 15 milliards de dollars.

« Les pourparlers avec le Qatar pour fournir de nouvelles ressources à la Turquie ont atteint leur phase finale. Il est prévu qu’il s’agisse d’un minimum de huit milliards de dollars, mais ce montant pourrait atteindre dix milliards de dollars », a déclaré le responsable turc, précisant que « deux à trois milliards seront versés d’ici la fin de cette année et le reste l’année prochaine ».

Le Qatar entretient des relations solides avec la Turquie. Ankara avait apporté son soutien à Doha lorsque l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte l’avaient boycotté pendant quatre ans à partir de 2017.

Par ailleurs, un porte-parole du ministère saoudien des Finances a déclaré mardi dernier que la Turquie était en pourparlers avec Riyad au sujet d’un dépôt saoudien de cinq milliards de dollars à la Banque centrale turque.

Le ministère turc du Trésor et des Finances a confirmé que les deux parties sont proches de la conclusion d’un accord sur le dépôt, a rapporté l’agence de presse Bloomberg, qui a souligné que cet accord s’inscrit dans le cadre du rapprochement entre Riyad et Ankara après des années d’éloignement et de divergences.

Pour sortir de son marasme financier et économique, la Turquie semble tout miser sur le dépôt saoudien et le financement qatari. Le ministre turc des Finances, Nureddin Nebati, dirige les efforts pour obtenir le soutien de l’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirats arabes unis.

Ces accords seront également d’une grande aide pour le président Erdogan, qui a multiplié les efforts ces dernières années pour renouer avec les États arabes du Golfe et obtenir leur soutien économique.

Ces fonds, octroyés sous forme de dépôts ou de prêts, trahissent l’ampleur des pertes subies par la Turquie pendant les années d’éloignement et de tension avec l’Égypte et les pays du Golfe. Selon beaucoup d’analystes, une grande partie de la crise turque est due à la gestion catastrophique des relations étrangères par Erdogan. D’ailleurs, dès que la Turquie s’est réconciliée avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, l’économie turque a rapidement connu une relative éclaircie.

Erdogan a précédemment déclaré à la presse que les réserves de change officielles de son pays pourraient bientôt atteindre 130 milliards de dollars, alors que leur plus haut niveau enregistré en novembre de cette année est de 117,5 milliards de dollars.

Les analystes estiment que l’aide et les investissements des pays du Golfe ne pourront pas à eux seuls rétablir la stabilité de l’économie turque, car une partie de la crise est due à la politique du président Erdogan et à ses ingérences répétées dans la politique monétaire qui ont conduit à l’effondrement de la lire.

Les mesures prises par le gouvernement d’Erdogan n’ont pas réussi à freiner l’inflation qui a atteint des niveaux record, ni à rétablir la stabilité de la lire, ce qui explique en grande partie la responsabilité du président turc et de son parti dans la crise actuelle. La bataille pour réduire les taux d’intérêt qu’Erdogan mène depuis des années, notamment en licenciant ses opposants à la Banque centrale ou en les obligeant à quitter leurs postes, a mis la lire dans une situation compliquée.  

L’opposition turque, qui a commencé tôt à former des alliances politiques contre Erdogan en vue des prochaines élections, lui reproche de mal gérer la crise depuis l’émergence du Coronavirus fin 2019, et d’être responsable de la détérioration des conditions de vie des Turcs.

Parallèlement, des sources locales ont estimé que les interventions d’Erdogan à l’étranger, qui sont motivées par ses ambitions personnelles, ont contribué à vider les caisses de l’Etat aux dépens des intérêts des citoyens.

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