Al-Sissi et Erdogan se rencontrent pour la première fois en marge de la Coupe du monde au Qatar

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés dimanche pour la première fois en marge de l’ouverture de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Il s’agit de la première rencontre entre les deux chefs d’Etats après près de dix ans s’éloignement.

La photo qui a été publiée sur le site officiel de la présidence turque montre les deux présidents se serrant la main en souriant.

Après sa réconciliation avec les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, et Israël après des années de tensions, la Turquie cherche désormais à se réconcilier avec l’Égypte.

Les relations entre les deux parties se sont fortement dégradées ces dernières années en raison de la position adoptée par la Turquie vis-à-vis du renversement de l’armée égyptienne en 2013 sous la direction d’al-Sissi, avant qu’il ne remporte la présidence en 2014.

A l’époque, le président turc se montrait extrêmement hostile envers le gouvernement égyptien et ne manquait pas une occasion de lui adresser des critiques acerbes, notamment en le qualifiant de régime dictatorial. Lors de ses apparitions il avait également pour habitude de former avec sa main le signe « Rabaa », devenu symbole des Frères musulmans depuis leur sit-in sur la place Rabaa au Caire, au cours duquel des centaines de personnes ont été tuées après que des hommes armés parmi les manifestants ont ouvert le feu sur les forces de l’ordre qui ont riposté.

En juin 2019, après la mort du président islamiste déchu Mohamed Morsi pendant son procès, Erdogan avait déclaré : « L’histoire n’aura jamais pitié des tyrans qui l’ont mis à mort en le jetant en prison et en le menaçant de l’exécuter. »

Plus tôt la même année, après l’exécution de neuf prisonniers condamnés à la peine capitale en Egypte, Erdogan a déclaré qu’il refusait de discuter avec “quelqu’un comme lui”, en référence à al-Sissi.

Durant cette période, Erdogan n’avait cessé de multiplier les gestes de soutien envers les Frères musulmans, et a fait de son pays un refuge pour les dirigeants fugitifs de la Confrérie, après que celle-ci a été classée organisation terroriste en Égypte et dans les pays du Golfe.

Depuis un an, craignant un isolement régional et motivée par une situation économique préoccupante, la Turquie affiche une grande volonté de corriger le cours des relations avec ses adversaires régionaux, à savoir l’Égypte, Israël, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

En outre, le président turc a récemment émis des signaux positifs en faveur de la normalisation des relations avec la Syrie, et a exprimé sa volonté de rencontrer le président syrien Bachar el-Assad.

A son retour du sommet du G20 en Indonésie, Erdogan a laissé entendre à la presse turque la semaine dernière, qu’il était disposé à revoir ses relations avec la Syrie et l’Egypte.

« Nous pouvons reconsidérer les relations avec les pays avec lesquels nous avons eu des difficultés. Nous pouvons même repartir de zéro, surtout après les élections de juin », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse turque Anadolu. Il a également annoncé sa candidature aux élections présidentielles.

L’Egypte n’a fait aucun commentaire sur les déclarations d’Erdogan. Les contacts diplomatiques entre les deux parties ont été rompus à la suite de divergences concernant la Libye, notamment après que la Turquie a signé des accords militaires et de sécurité avec le gouvernement d’unité nationale sortant dirigé par Abdelhamid Dabaiba. Parmi ces accords, il y en a un qui porte sur la démarcation des frontières maritimes et un autre qui permet à Ankara de mener des explorations gazières et pétrolières dans les eaux libyennes.

L’Egypte et la Grèce, qui considèrent que le gouvernement d’unité nationale est illégal, ont jugé ces accords comme étant aussi illégaux.

Il est possible que le Qatar ait joué un rôle dans l’organisation de cette première rencontre entre al-Sissi et Erdogan, dans le but de monter une nouvelle fois ses compétences en matière de médiation.

Toutefois, la question des Frères musulmans et les activités expansionnistes de la Turquie en Libye et en Méditerranée orientale restent un dilemme qui pèse lourd sur les efforts de réconciliation entre les deux pays.

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