Erdogan fait du « chantage » à Washington sur les chasseurs F-16

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre vendredi que son gouvernement pourrait se tourner vers des pays comme la Russie si les États-Unis ne tenaient pas leur promesse de fournir à la Turquie des chasseurs F-16.

Au mois d’aout, une délégation technique turque s’est rendue à Washington pour achever les discussions sur l’achat de chasseurs F-16 américains, sur la base d’un précédent engagement du président américain Joe Biden de renforcer la flotte aérienne turque vieillissante avec des avions de combat F-16.

Après sa rencontre avec Erdogan en marge du sommet de l’OTAN en juin dernier à Madrid, Biden a déclaré qu’il souhaitait obtenir l’approbation du Congrès pour vendre des avions de combat F-16 à la Turquie.

La participation de la Turquie à un programme de remplacement d’une large gamme d’avions de combat pour les pays de l’OTAN a été suspendue après l’achat par Ankara d’un système de défense antimissile russe avancé en 2019.

L’annonce faite par Moscou en août dernier concernant la signature d’un accord avec Ankara pour l’acquisition de missiles S-400 a embarrassé Erdogan.

Cette annonce avait coïncidé avec le sommet russe de Sotchi sur la mer Noire, qui a réuni les présidents russe et turc pour discuter de “la coopération énergétique et commerciale”.

L’Union européenne considère le sommet de Sotchi avec inquiétude, qualifiant l’attitude de la Turquie envers la Russie d'”extrêmement opportuniste”.

Le mois dernier, Washington a mis en garde Ankara contre le non-respect des sanctions imposées à la Russie en raison de la guerre en Ukraine. La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui s’est récemment rendue à Ankara, a lancé la même mise en garde.

Ankara s’est empressé de démentir la signature avec la Russie d’un nouvel accord sur les missiles S-400, comme le suggère l’agence de presse russe TASS, qui avait annoncé la nouvelle.

La Turquie a expliqué que le deuxième système faisait partie du premier accord, qui porte essentiellement sur deux systèmes, et qu’il s’agit d’un transfert de technologie vers le deuxième système.

En tant que membre de l’OTAN, la Turquie avait suscité la controverse en 2019 en achetant un système de combat avancé à la Russie.

Depuis, les relations américano-turques sont devenues plus froides, ajoutant aux désaccords déjà existants, notamment la détérioration du bilan de la Turquie en matière de droits de l’homme et la coopération américaine avec une faction kurde en Syrie qu’Erdogan considère comme un groupe ” terroriste”.

Washington a sanctionné la Turquie pour avoir reçu le premier système de missiles S-400 en la privant de participer au programme de production des chasseurs F-35 et en lui interdisant de les acquérir.

Par ailleurs, l’accord sur les F-16 n’a pas obtenu le soutien du Congrès compte tenu des inquiétudes des législateurs américains concernant la rhétorique intransigeante de la Turquie envers son adversaire historique, la Grèce.

La Turquie a récemment envoyé ses derniers navires de forage dans les eaux contestées de la Méditerranée orientale, près de l’île de Chypre divisée entre la Turquie et la Grèce, à la recherche de gaz naturel.

Une crise internationale avait éclaté en 2020 après la collision de navires de guerre turcs et grecs qui se sont bloqués en mer.

Les dirigeants de l’OTAN et de l’Union européenne sont alors intervenus en urgence pour empêcher le déclenchement d’une guerre globale.

“Les États-Unis ne sont pas les seuls à vendre des avions de combat dans le monde, le Royaume-Uni, la France et la Russie en vendent également”, a déclaré Erdogan à la presse.

“Ils peuvent être achetés à d’autres endroits, et d’autres nous envoient des signaux”, a-t-il ajouté.

Erdogan rencontrera Poutine à l’occasion d’un sommet régional en Ouzbékistan la semaine prochaine après avoir fait une série de déclarations positives sur la Russie, accusant l’Occident de provoquer Moscou en fournissant des armes à l’Ukraine.

Les analystes s’attendent à ce que la relation américano-turque se clarifie après la possible rencontre entre Biden et Erdogan en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à partir de mardi prochain.

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