Tunisie : Ghannouchi convoqué par la brigade antiterroriste pour enquête

La brigade antiterroriste a convoqué une trentaine de députés pour enquête après la tenue d’une session virtuelle du Parlement pour mettre fin aux mesures exceptionnelles du président Kais Saied.

Le bureau de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda et président du Parlement tunisien dissous, a déclaré vendredi que la police antiterroriste l’avait convoqué pour enquête suite à la tenue d’une session parlementaire en ligne cette semaine.

La convocation de Ghanouchi a fait suite à celles d’autres députés ayant soutenu ou participé à la session parlementaire virtuelle destinée à contester la suspension du Parlement par le président tunisien Kais Saied. La session a provoqué la colère de Saied, qui l’a qualifié de tentative ratée de coup d’État.

Rached Ghannouchi a été convoqué malgré son absence physique de la session parlementaire durant laquelle il s’est fait remplacer par son adjoint, le député Tariq al-Fatiti.

La décision du président tunisien de dissoudre le Parlement après la tenue de la séance virtuelle a suscité une large controverse. Elle a été soutenue par un certain nombre de partis politiques et d’organisations nationales comme l’Union du travail, et rejetée par certains partis, notamment le mouvement islamiste Ennahda.

Kais Saied a exprimé sa colère après la décision du Parlement de mettre fin aux procédures exceptionnelles et aux décrets présidentiels.

Lors d’une réunion du Conseil national de sécurité, Saied a déclaré avec emportement : “Je dis au peuple tunisien, vous devez tous être assurés qu’il existe des institutions étatiques et qu’il y a des gens qui les protégeront de ceux qui ont l’idéologue du groupe et non de l’État”, en référence au mouvement Ennahda.

“Il s’agit d’une tentative de coup d’État ratée et d’un complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État, et ils seront poursuivis pénalement”, a t-il ajouté, notant que “tout recours à la violence sera confronté à la loi et aux forces armées, militaires et civiles”.

A l’issue de la réunion, la ministre tunisienne de la justice, Leïla Jaffel, a ordonné au parquet d’ouvrir une enquête contre les députés ayant participé à la séance, afin de révéler les partis qui se tiennent derrière.

Des témoins ont indiqué que certains députés sont déjà arrivés au siège de l’enquête à Tunis. Quelques autres représentants se sont réunis pour soutenir leurs collègues.

Saied a déclaré jeudi soir qu’il n’organiserait pas d’élections au cours des trois prochains mois.
Vendredi, le président adjoint du parlement dissous, Maher Madhioub, a annoncé avoir déposé une plainte contre le président Saïed auprès du chef des instances dirigeantes et du Comité des droits de l’homme de l’Union interparlementaire.

Ces développements politiques interviennent dans un contexte de crise économique et financière, et de discussions entre le gouvernement de Najla Bouden et le Fonds monétaire international pour obtenir des fonds.

Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré que Washington était profondément préoccupé par la dissolution du Parlement par Saïed, ainsi que par les rapports qui indiquent que le président tunisien compte poursuivre les représentants qui ont participé la session virtuelle du Parlement.

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