Les menaces à peine voilées du régime taliban face au refus de l’ONU de reconnaître sa légitimité

Le régime taliban peine encore à se faire reconnaitre en tant que représentant légitime du peuple afghan. A ce jour, le mouvement n’a obtenu aucune reconnaissance, y compris de ses alliés, ce qui pourrait l’amener à adopter une attitude autre que le calme et la modération qu’il affiche depuis sa deuxième ascension au pouvoir en aout dernier. Les allusions de certains de ses dirigeants indiquent qu’il demeure toujours sous les cendres une étincelle sur le point de s’enflammer. La guerre commence toujours avec des paroles, et les talibans s’en servent publiquement pour brandir la menace de l’Etat islamique sur la communauté internationale. En coulisses, l’histoire est tout autre.

Résolution de l’ONU

Mercredi 1er décembre, les Nations Unies ont reporté leur décision de désigner qui représenterait l’Afghanistan au sein de l’organisation internationale, ce qui implique que les talibans ne seront pas autorisés à représenter l’Afghanistan aux Nations Unies en tant que gouvernement légitime.

Les talibans ont besoin de la reconnaissance internationale de leur autorité en Afghanistan pour obtenir l’aide qui leur permettrait de gérer les affaires du pays, notamment pour faire face à l’étouffante crise économique dont souffre le pays et mettre en œuvre leurs promesses de combattre les groupes terroristes armés.

Réaction de mouvement

Sans surprise, le régime taliban a mal pris la décision de l’ONU. Suhail Shahin, le porte-parole du mouvement, a déclaré que cette décision n’est pas fondée sur les principes de la justice et qu’elle constitue une atteinte aux droits légitimes du peuple afghan.

Dans un tweet, Suhail Shahin a tenté de montrer la résignation du mouvement et son respect des décisions des Nations Unies en déclarant : “Nous espérons que dans un proche avenir, ce droit sera cédé au représentant du gouvernement afghan auprès des Nations Unies afin que les problèmes du peuple afghan puissent être résolus de manière plus efficace, et que nous puissions avoir des interactions positives avec la communauté internationale.”

Malgré cette apparente retenue de la part du mouvement face au rejet de l’ONU, d’autres déclarations ont insinué la menace d’abandonner les promesses de combattre les groupes terroristes en Afghanistan.

Suhail Shahin a envoyé un message à la communauté internationale, faisant allusion à la possibilité de voir l’Etat islamique prendre les rênes du pouvoir dans le pays.

“Si la communauté internationale ne reconnaît pas le groupe, l’Etat islamique reprendra le pouvoir”, a déclaré Suhail Shahin.

Cette déclaration, la première du genre qui soit aussi directe, démontre que la présence de l’Etat islamique en Afghanistan ne constitue pas une menace pour le mouvement taliban, il représente au contraire, une carte de pression efficace qu’il peut abattre à tout moment dans l’arène politique.

Une pierre, deux coups

D’autre part, le mouvement tente de faire pression sur la communauté internationale en se servant de la mauvaise situation économique de l’Afghanistan pour obtenir des fonds et retirer les noms de ses dirigeants des listes noires du terrorisme international. Le mouvement a en effet demandé aux États-Unis de débloquer les milliards de dollars qui ont été gelés pour faire face à la crise économique que traverse le pays et à la souffrance du peuple afghan, compte tenu de l’absence d’une reconnaissance internationale de la légitimité du régime taliban.

Lors de sa dernière réunion avec Tom West, l’envoyé spécial américain en Afghanistan, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement taliban, Amir Khan Muttaki, a également appelé à renoncer aux listes noires et à lever les sanctions.

“Les deux délégations ont discuté de questions politiques, économiques, humanitaires, de la santé, de l’éducation et de la sécurité, en plus de la fourniture des facilités bancaires et monétaires nécessaires”, a écrit sur Twitter le porte-parole du ministère des Affaires étrangères des talibans, Abdul Qahar Balkhi.

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