Le Bénin victime du premier attentat djihadiste de son histoire

Deux soldats et un assaillant ont été tués dans une attaque terroriste menée le 2 décembre par l’un des petits groupes affiliés à la brigade Nusrat al-Islam wal-Muslimin, dans la commune de Borja au nord de la République du Bénin.

La veille, des militaires ont été pris pour cibles “au poste de contrôle de la zone frontalière” dans le nord-est du pays, où des “individus non identifiés” ont ouvert le feu après avoir tenté de “contourner le système de prévention mis en place”, conduisant au meurtre de l’assaillant, selon un communiqué publié par l’autorité d’état-major.

“Un djihadiste a été tué par les balles de nos forces”, a déclaré le colonel Fructueux Gbaguidi, le chef d’état-major de l’armée, dans un message aux officiers béninois sur les réseaux sociaux, ajoutant : “Cette nouvelle attaque nous rappelle le sang et la douleur, et que le danger sur le terrain est réel.”

Plusieurs sources de sécurité ont attribué l’attaque du 2 décembre à l’un des petits groupes affiliés à l’organisation terroriste Nusrat al-Islam wal-Muslimin (GSIM). Kars de Bruyne, chercheur à l’Institut des relations internationales de Clingendael aux Pays-Bas et auteur d’un rapport sur la situation sécuritaire dans le nord du Bénin, a expliqué : “Cela aurait pu être perpétré par des hommes de la Katiba Macina, une unité djihadiste basée à Kombenga, une ville du sud-est du Burkina Faso, près des frontières du Togo et du Bénin.” Il a ajouté : “Les opérations menées par les forces militaires du Burkina Faso ont eu lieu dans cette zone il y a environ trois semaines, et ont peut-être contraint les djihadistes à se replier sur le Bénin.”

Les autorités ont souligné qu’il s’agit des deux premières attaques djihadistes contre l’armée béninoise, mais que la menace n’est pas nouvelle. Depuis 2019, le nord du Bénin, bordé de zones densément boisées et difficiles d’accès, connaît une hausse des incursions de combattants, comme conséquence directe de l’expansion des groupes terroristes dans les pays voisins.

Le 1er mai 2019, deux touristes français ont été kidnappés et leur guide béninois tué lors d’un safari dans le parc national de la Pendjari. Selon les autorités béninoises, la menace sécuritaire du Sahel s’est sensiblement rapprochée du pays.

Depuis, les djihadistes se sont propagés dans les forêts du nord du Bénin, profitant de la position stratégique du parc de la Pendjari près de la frontière du burkina Faso au nord-ouest, et du parc national W au nord-est côté Niger, pour y établir des bases pour les activités logistiques nécessaires à soutenir leurs efforts de guerre au Sahel.

Pour repousser d’éventuelles attaques, les autorités béninoises ont renforcé leurs capacités de sécurité et de renseignement. Fin mars, un terroriste présumé de nationalité burkinabé a été arrêté à Pendjari par les gardes des parcs nationaux africains. La patrouille avait identifié trois hommes armés à moto et l’un d’eux avait ouvert le feu.

Entre fin octobre et fin novembre, des dizaines d’individus accusés d’avoir communiqué avec des terroristes islamistes ont été arrêtés dans la province d’Atakura à la frontière du Togo et du Burkina Faso, puis transférés à Cotonou, la capitale économique du Bénin, et déférés devant la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET).

Le 31 octobre, des habitants du village de Kore dans la même province ont vu passer un groupe d’hommes en pick-up et en motos portant des armes lourdes et brandissant un drapeau noir. Suite à cela, les forces de sécurité ont multiplié leurs effectifs.

Les attaques pourraient également être le résultat de la grande opération conjointe entre les armées du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, qui s’est déroulée du 21 au 27 novembre.

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