Nucléaire iranien : Emmanuel Macron appelle à la nécessité d’inclure Israël et les pays du Golfe dans les pourparlers de Vienne

De hauts représentants des diplomaties française, britannique et allemande participant aux pourparlers visant à relancer l’accord nucléaire iranien, ont exprimé leur “frustration et leur inquiétude” face aux propositions d’amendements formulées par Téhéran lors des cycles précédents.

Dans un communiqué, les responsables ont déclaré que l’Iran “exigeait des changements importants”, dont certains entrent en conflit avec l’accord de 2015.

Le président français Emmanuel Macron a émis vendredi des réserves sur la possibilité de reprendre les négociations sur le programme nucléaire iranien, appelant à “impliquer dans cette discussion l’ensemble des membres du P5” (États-Unis, Chine, France, Russie, Royaume-Uni, auxquels s’ajoute l’Allemagne), en particulier la Chine.

Lors d’une visite aux Émirats arabes unis, le président français a souligné que la possibilité de “ne pas relancer rapidement les négociations” ne devrait pas être exclue.

Des sources diplomatiques ont indiqué que ces négociations, accueillies par Vienne, ont été suspendues vendredi pour permettre aux pays européens d’évaluer les suggestions présentées par Téhéran. Elles reprendront en milieu de semaine prochaine, a déclaré à la presse Wang Chun, le principal envoyé chinois et coordinateur des pourparlers indirects entre l’Iran et les États-Unis.

Lorsque la presse lui a demandé si les négociations reprendraient mercredi, le responsable européen et coordinateur des pourparlers Enrique Mora, a répondu “presque”.

“Je pense que tout le monde est conscient du fait que de ne pas discuter, et de ne pas essayer de retrouver un cadre, à la fois sur le nucléaire et les sujets régionaux, affaiblit tout le monde, et est un facteur d’augmentation de la conflictualité”, a déclaré Emmanuel Macron à Dubaï.

Il est “important”, dit-il, de réengager une “dynamique plus large” et d’y engager les puissances régionales, relevant la difficulté de parvenir à un accord si les Etats du Golfe, Israël et tous ceux qui sont touchés dans leur sécurité n’en font pas partie.

“Tout le monde sait qu’ils (les Iraniens) ont repris le travail d’enrichissement. Nous avons donc une situation qui n’est pas bonne pour eux, et pas bonne non plus pour la sécurité régionale” a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de permettre aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique d’accomplir leur travail sur les sites nucléaires iraniens.

L’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien conclu entre la République islamique et les grandes puissances, n’est plus d’actualité depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 et la réimposition de lourdes sanctions sur l’Iran, qui a réagit en abandonnant la plupart de ses engagements.

L’accord proposait à Téhéran de lever une partie des sanctions qui entravent son économie en échange d’une restriction draconienne de son activité nucléaire, placée sous la stricte supervision de l’ONU.

Depuis vendredi, les pays européens marquent une pause afin de discuter des propositions de Téhéran. Les négociations reprendront probablement lundi, selon les sources diplomatiques et les médias iraniens officiels.

L’agence de presse iranienne ISNA a précisé qu’en attendant, les experts resteraient à Vienne pour poursuivre leur travail.

Le négociateur en chef iranien Ali Bagheri, a déclaré jeudi qu’il avait avancé deux propositions pour tenter de sauver l’accord de 2015 dans le cadre des pourparlers ayant repris lundi à Vienne après une pause de cinq mois.

“Après la remise du texte de la proposition iranienne au groupe P4+1 (Grande-Bretagne, Chine, France et Russie plus Allemagne) et à l’Union européenne, une réunion de la commission mixte de l’accord nucléaire se tiendra vendredi”, a indiqué le responsable selon l’agence de presse officielle iranienne IRNA, précisant que “cette réunion a été demandée par la partie européenne avant que ses représentants ne retournent dans leurs capitales pour revoir le texte proposé par l’Iran”.

Ali Bagheri a déclaré que la première proposition iranienne “résume le point de vue de la République islamique sur la levée des sanctions et la seconde est liée aux activités nucléaires de l’Iran”, ajoutant : “Maintenant, l’autre partie devrait examiner ces documents et se préparer à négocier avec l’Iran sur la base des textes présentés.”

Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue européen Josep Borrell, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian a estimé que le processus des négociations se déroulait correctement mais “lentement sur toutes les pistes”, selon le site Internet du ministère iranien des Affaires étrangères.

“Nous pensons qu’un bon accord est possible mais cela nécessite un changement d’approche de certaines parties qui doivent laisser tomber leur langage menaçant et opter pour des textes axés sur la coopération, le respect mutuel et les résultats”, a déclaré Abdollahian.

Le réseau social diplomatique iranien a cité Borrell appelant toutes les parties à “faire preuve de flexibilité dans la poursuite des pourparlers”. Il a exhorté le négociateur européen Enrique Mora à travailler de manière constructive et active avec le négociateur en chef iranien et toutes les délégations pour parvenir à un accord.

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