Pourquoi les Frères musulmans ont-ils soutenu Biden aux élections présidentielles américaines ?

Depuis que la Confrérie des Frères musulmans a été dissoute en Egypte, elle s’emploie à exploiter toute conjoncture internationale pour se recycler.

Durant le mandat de l’ancien président américain Donald Trump (2017-2021), le groupe est devenu un paria aux niveaux régional et international. Trump avait adopté la politique de la tolérance zéro envers les islamistes et validé l’inscription de la Confrérie dans la liste américaine des groupes terroristes étrangers, après que le sénateur républicain Ted Cruz a présenté la loi au Congrès.

L’ancienne ambassadrice des États-Unis en Égypte, Anne Patterson, a joué un rôle central en épargnant au régime des Frères musulmans toute sanction américaine. Cela a conduit les membres du Congrès, dont Ileana Ros-Lehtinen, à adresser une lettre au département d’État américain dans laquelle ils ont accusé l’ambassadrice américaine au Caire d’aider les Frères musulmans à établir un État religieux en Égypte.

La première rencontre qui a réuni les dirigeants de la Confrérie et l’ambassadrice américaine, Anne Patterson, à l’initiative de cette dernière, a eu lieu le 19 janvier 2012 lorsqu’elle s’est rendue au siège du groupe dans le quartier de Mokattam au Caire. Elle avait, à cette occasion, répondu à la visite des dirigeants fréristes dans le cadre d’un rapprochement explicite que le journal américain “New York Times” a commenté en avril 2012 en déclarant : “Les responsables américains qui craignaient auparavant le contrôle des Frères musulmans sur la vie politique, semblent maintenant voir le groupe comme un allié indispensable face à d’autres forces telles que les salafistes.”

Lors de la dernière campagne électorale américaine, la Confrérie avait publiquement annoncé son soutien au président actuel Joe Biden dans l’espoir de se soustraire aux politiques restrictives appliquées aux mouvements politiques islamiques, et d’être retirée de la liste américaine des entités terroristes.

Malgré l’existence de contacts ininterrompus entre le groupe et les administrations américaines qui se sont succédées, républicaines ou démocrates, les portes de la Maison Blanche lui ont été fermées sous l’administration de Donald Trump, contrairement à l’administration Obama qui a offert un soutien ouvert aux Frères musulmans qu’elle a utilisés pour répandre le chaos au Moyen-Orient.

Au cours du second semestre 2019, le sous-comité de la sécurité nationale du Congrès a tenu une série de discussions intitulées “La menace mondiale des Frères musulmans” . Tous les aspects de la question ont été analysés : Les prémices de l’émergence du groupe, les circonstances politiques qui ont accompagné son essor, les rôles qu’il a tenus sur le plan politique et sur le terrain au cours des huit dernières décennies, ainsi que ses liens organisationnels externes. Ces discussions ont été menées dans le but d’évaluer l’ampleur du danger que représente l’organisation pour les intérêts américains et le reste du monde.

Selon l’Institut américain “Hudson”, spécialiste des questions relatives à la sécurité nationale et à la politique étrangère des États-Unis, la Confrérie islamiste est la première inspiratrice des autres organisations similaires, quels que soient leurs noms et la nature de leurs activités. De part ses idées et la force de sa présence dans de nombreux pays arabes, elle a contribué à l’émergence de multiples organisations dont Al-Qaïda. Ainsi, les chercheurs ont réclamé au Congrès lors des auditions de répondre à la classification des Frères musulmans en tant qu’organisation terroriste et de prendre toutes les mesures légales et législatives à son encontre.

Les auditions au Congrès ont également condamné l’administration Obama pour son soutien aux Frères musulmans. De nombreuses réunions ont eu lieu entre les responsables américains et des membres de la Confrérie entre 2011 et 2013. Les dirigeants du groupe ont été reçus à la Maison Blanche en avril 2012 pour discuter des situations politiques et régionales. L’architecte de ces rencontres a été le diplomate américain William Benz, qui a occupé le poste de secrétaire d’État adjoint des États-Unis après son départ du Caire en août 2013, suite à la chute du pouvoir frériste et à l’échec des efforts de médiation auxquels il avait pris part pour résoudre la crise politique.

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