Durant des années, la société turque “Redin” a transféré des millions de dollars vers des entités terroristes

Une enquête du Nordic Surveiller a révélé la dissolution de Redin, une société turque fondée par des militants du Hamas, après avoir été désignée comme “sponsor du terrorisme” par le Département du Trésor américain. Redin Exchange s’employait à transférer l’argent du Hezbollah et de la Force Qods des Gardiens de la révolution iranienne vers les Brigades Qassam. Les dirigeants de la société ont précipité sa liquidation juste après la nomination annoncée par les Etats-Unis.

La décision a été documentée le 30 septembre et une pétition officielle pour dissoudre l’entreprise a été approuvée par les autorités le 4 octobre 2020.

Selon le gouvernement des États-Unis, l’entreprise “a concrètement aidé, parrainé ou fourni un soutien financier, matériel ou technologique, des biens ou des services au Hamas.” Par exemple, en mars 2019, il y a eu un trasfert de fonds de 10 millions de dollars vers la branche opérationnelle du Hamas, notamment aux Brigades de Azzedine Al-Qassam, et au financier nommé par le Trésor, Mohamed Sorour.

Les activités de Redin ont été observées à plusieurs reprises à partir de 2017. Des dizaines de millions de dollars ont été transférés au Hamas, selon un communiqué du Trésor. En juillet 2018, la Redin Exchange Company a rendu possible l’envoi de 4 millions de dollars par l’Iranien Qods aux forces du Hamas. En mai 2018, elle a envoyé 2 millions de dollars appartenant à la force Qods, au Hezbollah et au Hamas. En juillet 2017, la société intermédiaire a pu transférer 5,5 millions de dollars d’un haut dirigeant du Hamas vers le directeur financier du parti, Zaher Jabareen, basé au Caire.

Le registre du commerce de la société turque indique que l’entreprise a été créée le 9 juin 2014 dans le quartier conservateur de Fatih à Istanbul, sous le nom de Derain. Le nom a été changé en Redin quatre jours plus tard. Les irakiens Marwan Salih (Marwan Mahdi Salah Al-Rawi selon l’annonce du ministère du Trésor américain) du gouvernorat d’Anbar, et Ismail Salman Mosleh (également connu sous le nom d’Ismail Tash selon le département du Trésor américain) de Bagdad, apparaissent dans le registre en tant que co-fondateurs. Leur activité a été décrite comme allant de la transaction financière aux échanges commerciaux de biens et de services à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie. Le capital de départ de la société était de 160 000 livres turques (75 000 dollars).

En février 2015, la société a déménagé ses locaux dans la rue très fréquentée d’Ordu dans le même quartier. Le 20 février 2015, Mosleh a transféré la moitié de ses actions à un autre citoyen irakien, Ali Abdul Karim Abdul Jalil, tandis que Saleh a fait de même avec l’irakien Asab Abdullah Jubeir al-Ahmad. Quatre citoyens irakiens sont devenus de ce fait actionnaires de la société Redin. Le 12 décembre 2017, Abdul Jalil a rendu ses actions à Mosleh avant de quitter la société. En avril 2018, Saleh est devenu seul propriétaire des actions de Redin après que Al-Ahmad lui a transféré ses parts.

Les fréquents changements d’actionnaires indiquent que Redin était une société écran, et que les clients achetaient et vendaient des actions pour maintenir leur résidence en Turquie ou pour accomplir des tâches spécifiques pendant une période limitée. Au moment où le département du Trésor américain a identifié la société, Salih n’en était plus que le propriétaire qui a opéré pendant cinq ans dans un quartier bondé de touristes étrangers, tandis que les autorités turques regardaient ailleurs.

Des recherche dans les données commerciales de l’entreprise ont été menées pour identifier les numéros d’identité des actionnaires fournis aux investisseurs étrangers en Turquie, mais elles n’ont pas révélé l’existence d’une autre société avec laquelle auraient collaboré les hommes irakiens, à l’exception de Mosleh qui possède ‘Smart İthalat İhracat Diş Ticaret Limited Şirketi”, une entreprise d’export. Cependant, il est intéressant de voir qu’en soumettant les documents d’enregistrement commercial en tant que l’un des fondateurs de Redin, Mosleh a fourni son numéro d’identification soudanais et son adresse à Khartoum. Cependant, le numéro d’identification irakien et l’adresse à Bagdad, montrent que les deux entreprises avaient curieusement la même adresse dans le quartier de Fatah.

SMART a été créée le 25 mai 2017 avec un capital de 1 million de livres turques (281000 dollars). Elle est toujours opérationnelle aujourd’hui mais est basée à une adresse différente, en face du bureau de Redin. Le 3 décembre 2019, un nouveau superviseur est arrivé dans l’entreprise. Un citoyen turc résidant à Khartoum, nommé Demir Salmanoglu, a remplacé un réformateur. Il est possible que le Hamas et la Force Qods aient créé de nouvelles fausses sociétés avec de nouveaux noms après la liquidation de Redin.

Il ne serait pas surprenant non plus que la Force Qods des Gardiens de la Révolution iranienne ait encouragé et financé le Hamas via la Turquie, sachant que le gouvernement Erdogan a dissimulé une enquête criminelle impliquant des agents et des entités de la Force Qods en février 2014. L’enquête qui a débuté en 2010, avait dans le viseur les associations et entités affilées à la Force Qods. Certains hauts fonctionnaires du gouvernement, dont deux des principaux conseillers d’Erdogan, ont été inclus dans la liste des suspects dans le cadre de cette enquête.

Mais avant que le procureur n’ait eu l’occasion de déposer l’acte d’accusation, l’enquête a été brusquement contrecarrée et le gouvernement a puni les contrôleurs fiscaux, les chefs de police et les procureurs qui ont participé aux investigations contre la Force Qods. Tous ont été renvoyés et/ou emprisonnés.

Le gouvernement Erdogan a également refusé de supprimer le réseau du Hamas en Turquie comme l’ont demandé les autorités américaines. Il a également refusé de reconnaitre le Hamas comme organisation terroriste. Même le réseau turc de la Force Qods, Tafhid Salam, classé comme entité terroriste par une décision de la Cour suprême, n’a fait face à aucune répression.

Selon le Département du Trésor américain, Redin a également été impliqué dans un transfert de fonds à l’État islamique en Irak et en Syrie. Le Département du Trésor a signalé que le facilitateur financier de l’Etat islamique, Walid Talib Zughayer Al-Rawi, était déjà au courant en janvier 2018 qu’un accord financier de 500 000 $ en faveur de Redin allait être conclu.

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